Heart of gold
Terrence, ils se sont moqués de toi, ils t'ont hué à Venise, ils t'ont considéré comme fini. Terminé le grand Terrence de Tree of life. En voyant des 3 déferler sur Sens critique, des critiques...
Par
le 7 mars 2013
143 j'aime
64
Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏
Cher Mr Malick,
Les histoires d'amour doivent bien se finir. D'ailleurs Terrence (après toutes ces années passées ensemble à contempler la nature, tu permets que je t'appelle Terrence ?), dans ton dernier film, tu ne t'intéresses au fond qu'à cela : les aléas de la vie amoureuse. Mais cette fois mon Terry (après toutes ces années passées ensemble à écouter le silence, tu permets que je t'appelle Terry ?), je ne te comprends plus, tu parles seul, tu te replies sur toi-même, tes chevilles enflent au point de te faire grimper jusqu'à celles du Tout Puissant, et la belle alchimie de nos deux âmes s'est transformée en prison pour la mienne.
Dans A la merveille, ta griffe a mué en lourde figure de style. Tes prises de vue à la profondeur de champ sans fin, je m'y noie désormais comme dans du mauvais vin. Plus ton film exaltait la vie, plus il me donnait envie de mourir. Je sais, j'en fais trop, mais quand on ne se comprend plus, on veut toujours persuader l'autre que c'est nous qui souffrons le plus. Faire un film à la narration heurtée ne signifie pas faire un film complexe, tout comme faire un film exigeant ne le rend pas automatiquement intelligent. Trop sûr de toi, pour la première fois, tu accumules au lieu d'harmoniser, tu assènes tes images au lieu de les investir, sinon par une foi trop envahissante pour être honnête. Terry, tes croyances ne sont pas les miennes, pourtant tu as toujours su me les faire comprendre, et me récompenser en échange de mon attention par des images comme toi seul sais les capturer.
Mais là Terrence, filmer de grands espaces battus par la brise ne t'évite pas la lourdeur. Ta vision de la femme, à la fois pure et soumise au bon vouloir de l'homme, me fait assez froid dans le dos. Pas que je sois féministe mais venant de quelqu'un qui a su sonder l'être humain dans ses moments les plus terribles (en guerre avec ton immense La Ligne rouge, pris entre deux feux d'un choc des cultures à l'occasion du sublime Le Nouveau monde), à quoi rime ici cette romance prosélyte aux allures de sermon ? Tout cela ne te ressemble pas, et surtout ne ressemble pas à ce dont tu es capable. Et si le sérieux de ton film empêchera beaucoup de partager cet avis, j'ai parfois trouvé bien niaise ta façon d'aborder cette histoire d'amour. Et voilà qu'en prime, au détour de quelques passages, tu cèdes sans le vouloir à un comique pittoresque. Non Terry, ton film a beau être ensoleillé comme une flaque d'eau bénite pleurée par le Seigneur en personne, je n'y cède pas. Mais peut-être étais-je aveugle, peut-être était-ce là dès le départ après tout, masqué par ton talent évident. Pourtant, je me refuse à le croire.
Saint Malick, je le sais bien, tes fans les plus endurcis me feront remarquer qu'on n'y touche pas. Néanmoins, si je te vénérais quand tu filmais le vent, ici, tu ne fais qu'en brasser. Si j'étais un cinéphile rageux et rancunier, après ces deux longues heures dont je suis ressorti avec des cheveux blancs, je te dirais bien d'aller te pendre, mon Terry. Mais tu serais sûrement décédé le temps de choisir ton arbre. Et entretemps, tu nous en ferais sûrement un film... Non Terry, repose-toi, médite, et reviens-nous avec une de ces expériences transcendantales dont tu as le secret. J'en suis sûr, cette parenthèse n'est qu'un break, toi et moi, ça ne peut pas se finir comme ça.
Bien à toi,
Fritz <3
P.S. : petit message aux trois-quatre connards et connasses de la salle (le manque de civisme et la parité, une autre belle histoire d'amour) qui pouvaient pas s'empêcher d'y aller de leurs commentaires. S'emmerder, c'est un droit, mais la prochaine fois faites-le en silence.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les plus mauvais films de 2013
Créée
le 13 mars 2013
Critique lue 614 fois
24 j'aime
19 commentaires
D'autres avis sur À la merveille
Terrence, ils se sont moqués de toi, ils t'ont hué à Venise, ils t'ont considéré comme fini. Terminé le grand Terrence de Tree of life. En voyant des 3 déferler sur Sens critique, des critiques...
Par
le 7 mars 2013
143 j'aime
64
Hier soir, après avoir quitté Guyness et raccompagné AlisonY. chez elle, j'envisageais plusieurs façons de faire ma critique de To the Wonder. Je pensais tenter un tweet: Malick voulait filmer Olga...
Par
le 7 mars 2013
106 j'aime
57
Neil et Marina vivent tardivement un amour très passionnel lors d'un voyage à la merveille du Mont Saint-Michel. C'est le grand amour car Marina, originaire d'Ukraine, divorcée et mère d'une enfant...
le 21 janv. 2014
66 j'aime
29
Du même critique
Ca tient à si peu de choses, en fait. Un drap qui se soulève, le bruit de pieds nus qui claquent sur le sol, une mèche de cheveux égarée sur une serviette, un haut de pyjama qui traîne, un texto...
le 4 sept. 2022
228 j'aime
34
Critique tapée à chaud, j'ai pas forcément l'habitude, pardonnez le bazar. Mais à film vite fait, réponse expédiée. Personne n'est dupe, le marketing peut faire et défaire un film. Vaste fumisterie,...
le 9 août 2014
220 j'aime
97
Rendre attachants les êtres détestables, faire de gangsters ultra-violents des figures tragiques qui questionnent l'humain, cela a toujours été le credo de Martin Scorsese. Loin des rues de New-York,...
le 25 déc. 2013
219 j'aime
14