La Petite Maison dans la Prairie, tome 2

Dernier film en date de Terrence Malick à l'heure où j'écris cette critique, A la merveille est un film autour de la vie d'un couple (pour changer !), interprété par Ben Affleck et Olga Kurylenko. A en juger les notes sur Sens critique, je m'attendais de nouveau à un film incompris du réalisateur, après The Tree of Life. En effet, ayant désormais tout juste terminé la filmographie du bonhomme, j'ai pu remarqué que certains de ses films ne rencontrent pas vraiment le succès auprès de tout le monde, une chose compréhensible au vu de leur style plus que particulier.

A quoi s'attendre avec cette réalisation, donc ? Est-ce un nouveau The Tree of Life ? Eh bien, je vous donne un indice: l'un a gagné une Palme d'Or, l'autre non; là où le palmarès de l'un entretenait l'espoir, l'autre reste, à juste titre, vierge de reconnaissance. Car A la merveille, au final, n'a, à l'instar du Nouveau Monde, pas grand chose pour lui: il recoupe surtout des thèmes déjà évoqués par Malick dans ses films précédents et nous propose du réchauffé là où La Ligne Rouge et The Tree of Life proposait quelque chose d'à peu près différent. Ici, l'esthétique si particulièrement imagée du réalisateur, qui sauvait grand nombre de ses films (que serait The Tree of Life sans son esthétique...), n'est également utilisée qu'à des fins que l'on a déjà vues et qui ne sont jamais novatrices: le soleil caché derrière une branche, que le mouvement de la caméra fait apparaître par exemple, (Les Moissons du Ciel) ou encore les courses dans les champs de blé (du même film).

L'intrigue elle-même, d'ailleurs, fait penser aux Moissons du Ciel: un couple heureux, qui passe sa vie à la campagne ? Et qui va céder à une tentation qui va fragiliser leur couple ? Non, non Terry, tu nous as déjà pondu de meilleures choses. Et ce n'est pas forcément pour le mieux que cette esthétique est présente cette fois-ci tant elle est brouillonne et ne peut pas vraiment être citée comme qualité. Mais alors, que reste-t-il au film ? Si l'on lui ajoute par ailleurs la prestation fantomatique de Ben Affleck, il semble bien vide.

Heureusement pour lui, tout n'est pas à jeter: je pense à la prestation d'Olga Kurylenko ou même à celle, plus furtive, de Rachel McAdams. Par ailleurs, A la merveille parvient à légèrement recroiser The Tree of Life sans empiéter sur ce que le film exprimait: par le discours de l'amour divin et de l'amour humain, j'entends (commun en fait à tous les films de Malick, quand on y pense), présentés sous les noms de Grâce et d'Amour dans The Tree of Life: la Nature et l'Amour, en quelque sorte. C'est donc un nouveau film proche de la religion que nous propose Malick, et pour appuyer cela il ajoute un personnage, joué par Javier Bardem: un prêtre qui aurait en quelque sorte perdu la foi et qui va, comme le personnage d'Olga Kurylenko, partir à la recherche de son amour perdu (pour lui, l'amour divin; pour elle, l'amour humain). Malgré cela, largement privé de ses éléments symboliques qui créaient jusque-là des métaphores qui faisaient le génie de Malick, A la merveille est finalement relégué, avec Le Nouveau Monde, au rang des films qui n'ont pas réussi, visuellement ou philosophiquement, à combler cet ennui contemplatif qui habite ce film plus que n'importe quel autre Malick.