Si l’empire Disney-Pixar-Marvel-Star Wars exploite jusqu’à la nausée ses innombrables franchises, il faut lui reconnaître l’audace de sortir, de temps à autre, des produits plus novateurs (Prince of Persia, L'Apprenti sorcier, John Carter, Lone Ranger). Or, autant joindre l’utile à l’agréable, comment exploiter au cinéma le potentiel de ses nouveaux parcs d’attraction Tomorrowland ?
Le pitch est audacieux et passablement compliqué : une coterie d’ingénieurs optimistes a initié dans les années 60 un programme secret de monde futuriste et parallèle. Hélas, il semblerait que notre monde (à nous) court à sa perte. Dans l’impossibilité de le sauver, les savants fous ont définitivement coupé les ponts avec l’humanité. Tous, sauf Athéna, une « jeune » androïde qui, refusant l’échéance fatale, lutte en s’évertuant à recruter des enfants (suffisamment) rêveurs et optimistes.
Les quinze premières minutes sont fascinantes de créativité et de beauté, la suite est plus singulière. Brad Bird, Jeff Jensen et Damon Lindelof signent un scénario complexe, surtout pour un film destiné aux plus jeunes. Imaginez un monde rétro-futuriste complotiste, des univers parallèles, des portails spatio-temporel, un mix de Stargate, de Retour vers le futur et de La planète au trésor. Le tout est largement saupoudré de bons sentiments : seul l’optimisme sauvera le monde de l’aboulie des masses et du cynisme et de l’avidité des puissants. La réalisation de Brad Bird est moins convaincante qu’à l’accoutumée. La seconde partie est mièvre, l’univers créé à grand peine est sous-exploité : que font-ils, que veulent-t-ils ? Le traditionnel combat final manque d’ampleur et sa résolution est confuse.
Voyons les rares bons côtés. Le film repose sur les épaules d’un remarquable trio d’acteurs. Le légendaire Georges Clooney écorne sa réputation d’homme fatal en s’abaissant à donner la réplique à une jeune fille (Brittany Robertson) et une enfant de douze ans (Raffey Cassidy). Cette dernière joue un (très) gentil, (très) espiègle et (très) touchant robot, proche parent du David d' A.I. de Spielberg. Elle porte le film sur ses graciles épaules, au point de ramener le grand Clooney au rôle de faire-valoir.
Raffey Cassidy a tout pour faire une grande carrière, à suivre…
Juin 2018