À la recherche de la Panthère rose est un film bancal mais sympathique.
Il signifie malgré lui LE défaut majeur de la saga toute entière: l'excès du cartoonesque qui va jusqu'à se passer de continuité quand ça l'arrange et depuis le premier volet amalgamer Panthère rose et Inspecteur Clouseau. D'où le retour toujours inexpliqué de Dreyfus pourtant "effacé" de notre réalité en fin de Quand la Panthère rose s'emmêle et l'existence de nombreux volets qui, bien qu'estampillés "Panthère rose" ne mettent pas en scène la bijou (ou la Princesse Dala, métaphoriquement présentée comme telle dans une scène du premier opus)
À la recherche de la Panthère Rose, à rebours, s'apprêtait à lui refaire un sort et propose un bon début, permettant un dernier tour de piste inédit de Jacques Clouseau.
Inachevé, le film ne pouvait sortir: Peter Sellers, comme Alfred Hitchcock ou Joe Dassin, nou avait hélas quitté en 1980.
Alors, au grand dam compréhensible de certains (malgré un générique initial pourtant révélateur) comme à la grand' joie des autres, Blake Edwards décida d'appliquer le 11e commandement qu'il fait énoncer par Sir Charles Lytton: Ne jamais abandonner.
C'est en cela que film est hybride: par hybris.
Film propre, il se métamorphose en cours de route pour se compléter et devient un film hommage à Peter Sellers, aux allures de Best-of.
Il en résulte l'introduction d'anciennes scènes des différents volets précédents, au gré des témoignages (redoublées en version française: Jacques Berthier laisse sa place à Bernard Dhéran et Roger Carel permet à Michel Roux sur son unique absence dans un volet de la saga), il en résulte une étiologie de Jacques Clouseau foutraque peu nécessaire mais sympathique. Mais il en résulte aussi une recherche du bijou volé qui mute en recherches sur la vie de Jacques Clouseau. Quid de la pierre ? Ce sera pour le prochain volet ! Laissons place à un Citizen Clouseau et son Rosebud final.
Rosebud: bouton de rose.
C'est à croire, en visionnant le film, que Blake Edwards à tout instant prépare le terrain pour une nouvelle ère de La Panthère rose où Johanna Lumley succéderait à Peter Selers, ce qui, pour une fois, n'eût pas été mauvaise chose. Car la belle blonde, ex-John Steed et ex-James Bond Girl, pas encore Docteur Who parodique, séduit, plaît, est souvent mise en regard avec le portrait de Clouseau, mène l'enquête autour de sa disparition et va jusqu'à affronter Kato !
C'est un spectateur peu amateur des "métamorphoses" cinématographiques made in Me Too qui écrit: c'eût été là un bon choix. Non motivé par un féminisme ambiant délétère, surprenant, rafraîchissant, créant un charmant passage de relais entre deux chercheurs de Panthère rose, sans en avantager un, ou du moins seulement l'original.
Rosebug: Graham Stark et Harvey Korman !
Oui, l'acteur fétiche de Mel Brooks, après un passage dans la saga de La Coccinelle, reprend un rôle appelé en vain à devenir récurrent, campé initialement par Graham Stark. Ce dernier devant pour les besoins du film reprendre son rôle d'Hercule Lajoy, apparu dans le second opus. Les deux acteurs, uniquement en raison de ce nouveau volet un peu spécial, partageront le rôle, symétriquement. Korman campera donc Auguste Balls, fabricant de déguisements pour Clouseau & Cie et homonyme du fondateur du théâtre forum, par deux fois et Graham Stark encadrera ses performances des siennes dans les volets de part et d'autre.
L'occasion néanmoins de faire un bel au revoir à Peter "Pan !" et de réunir le casting original de La Panthère rose (notamment David Niven qui se ré-empare enfin de son rôle de Lytton !) devant sa fosse avant d'ouvrir avec lui une nouvelle ère ... qui ne connaîtra qu'un volet !
Mais, vous l'avez compris: 11e commandement !