Aude Pépin, journaliste pour l’émission de France 5 "La Maison des Maternelles", dresse le portrait intime et touchant d’une sage-femme libérale et… féministe ! Le film suit le quotidien éreintant de Chantal Birman (avant qu’elle ne prenne sa retraite). Celle qui fut sage-femme pendant plus de 40ans en Seine-Saint-Denis, fut aussi une icône de la maternité des Lilas (lieu emblématique du combat des femmes pour disposer de leur corps), sans oublier son passé de militantisme puisqu’elle fut militante au sein du MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception) dans les années 70.
À la vie (2021) nous entraine dans le quotidien de cette sage-femme pas comme les autres, après s’être battue durant toute sa carrière pour le respect des femmes, elle s’apprête à passer le flambeau. On la suit lors de ses visites à domicile (suivant la sortie des jeunes mères de l’hôpital) aux côtés d’Hortense, une élève sage-femme. Deux femmes, deux générations que tout oppose, deux visions bien distinctes mais réunies par une seule et même passion.
Le film met en lumière son parcours et sa détermination, une féministe engagée et très pédagogue qui n’est jamais avare en conseil envers ces jeunes mères bien souvent désemparées et dépassées par la situation. On y croise des mères à bout de force, les traits tirés, littéralement épuisées ou à fleur de peau, le fameux syndrome post-partum (entre la fatigue et la chute hormonale). Beaucoup de questions taraudent ces dernières, notamment entre l’utilisation du tire-lait ou l’allaitement, quelle solution choisir entre vouloir bien faire et palier à toute douleur que la lactation peut représenter.
La réalisatrice nous donne l’occasion de voir des portraits touchants et surtout, de donner la parole à une professionnelle de santé qui se bat depuis de trop nombreuses années pour améliorer les conditions d’accouchements en France. Elle lève aussi le voile sur des sujets injustement tabou (le mal-être des jeunes mères, la césarienne, l’épisiotomie, les agrafes et autres cicatrices béantes que l’on ne voient jamais lorsqu’il est question du "plus beau jour de votre vie", sans oublier les douleurs aux mamelons (gerçures ou crevasses) liées à l’allaitement). De son côté, Chantal Birman se livre sans fard sur son expérience aussi bien professionnelle (le suicide des jeunes mères) que personnelle (son avortement).
Humainement très intéressant et un bel hommage rendu aux sages-femmes qui méritent amplement de sortir de la pénombre et d’être plus souvent mises sous le feu des projecteurs.
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