Le documentaire suit Rudolf Elmer, ancien employé de la banque suisse Julius Bär en charge de la gestion de trusts aux Îles Caïmans. Cet homme a révélé une liste de personnes ayant un compte dans ce paradis fiscal, notamment en fournissant les données à Wikileaks.
Le film fait état des étapes qui jalonnent le parcours de cet homme, brisé par le harcèlement, les coups de pression, les menaces, la peur des représailles. Entre procès et exils, Rudolf Elmer tente de surnager au-dessus de ses problèmes financiers, familiaux et psychiques pour mener son combat jusqu'au bout. Car Elmer ne semble pas s'intéresser à l'argent, et contrairement à d'autres ne demande pas des millions contre son silence. Il veut d'abord obtenir réparation des injustices qu'il subit. Les raisons profondes de sa première révélation ne sont néanmoins pas bien claires dans le film.
Le documentaire restitue assez efficacement comment les lanceurs d'alerte peuvent être harcelés moralement, d'une surveillance permanente et démesurée par dix détectives privés jusqu'à être décrédibilisés à grande échelle par les puissants via les médias, en les dénonçant comme fous, instables, lâches. Les rouages des paradis fiscaux, du durcissement des lois favorisant le secret bancaires, sont évoqués de manière succinte et suffisante, ce n'est néanmoins pas le coeur du sujet pour qui souhaite se renseigner là-dessus. On voit plutôt quelques indices du monde extérieur, celui d'en haut j'entends, avec son cynisme et ses mensonges, tel que de grands raouts G20-like à base de Nicolas Sarkozy qui proclame "C'en est fini du secret bancaire."
Avec peu de voix off, peu de témoignages, et surtout aucune voix de l'opposition, "A leak in Paradise" se déroule presque comme une fiction racontant la descente aux Enfers d'un homme qui en a trop dit. Une vision de l'intérieur qui fait froid dans le dos et donne envie de remercier mille et mille fois ceux qui pour détenir et révéler des vérités sur la corruption de notre monde sont craints et broyés des puissants.