Ca commence comme tout un tas de films et de séries qui parlent d'amour : Mickey et Gus n'ont a priori rien en commun, et pourtant... "Love" propose de suivre l'évolution de vie, tant professionnelle, amicale, qu'amoureuse, d'une fresque de personnages au premier abord délicieusement too much pour être vrais.
J'ai été très enthousiasmée par la première saison, je me suis laissée surprendre par les inattendus du scénario et de la construction des personnages. La série emprunte une direction plutôt originale pour ses personnages, pourtant à la base archétypaux : le nerd et la toxico ont des facettes insoupçonnées et inhabituelles, l'un est très entouré par une grande bande de potes, l'autre qu'on aurait imaginée populaire est finalement plutôt solitaire. On se plait à avoir de l'affection pour leurs maladresses, pour leur humanité imparfaite, on sourit pour soutenir Gus dans ses bides, on espère pour Mickey qu'elle va trouver son équilibre.
Au bout de deux saisons, je suis pourtant déjà plutôt lasse des principes de la série. La grande majorité des personnages se balance finalement tout le temps des horreurs à la gueule, ne prend aucune pincette diplomatique pour se parler, on dit casse-toi quand on a envie de dire casse-toi, on dit ta gueule quand on a envie de dire ta gueule, avec toujours, bien sûr, une petite punchline bien méchante censée appuyer la gratuité de ces remarques, ou le caractère brut de décoffrage des personnages dans certaines situations. C'est un ressort narratif, scénaristique et humoristique : la franchise, l'agressivité et l'humiliation ont la part belle dans "Love" et ma foi, on en rit pendant plusieurs épisodes, avant de finir par se prendre la tête entre deux mains en les suppliant d'arrêter.
A cela viennent s'ajouter les sur-nombreux plans de gêne et d'hypocrisie manifestes, qui donnent une couleur assez expressionniste au jeu d'acteur. Ces scènes aussi font partie des mécanismes sur-exploités par la série au fil des saisons, au point que des personnages comme Gus deviennent insupportables malgré leurs éclats de franchise et de sincérité sporadiques.
Même si de prime abord, on s'éloigne des archétypes, on finit quand même par tomber dans des travers qui viennent souligner qu'il y a peu à attendre de l'évolution des personnages. Malgré tous leurs efforts et leurs micros succès, Gus est moqué par ses propres amis sur la qualité du film qu'il réalise avec ses petits moyens, Bertie ne parvient jamais à quitter Randy malgré les mauvais points qu'il accumule, ce dernier ne se tire jamais de la spirale de la loose dans laquelle il est coincé depuis sa première apparition, le Dr Gregg reste un enfoiré nevrosé, jaloux et méchant...
Avec le recul des trois saisons, on se demande toujours où la série veut en venir. On aurait pu croire après une première saison que les personnages allaient tant bien que mal tendre vers l'équilibre, le monde adulte, la confiance en soi, la maîtrise de ses émotions et de ses névroses ancestrales. Au lieu de ça, on nous présente finalement des personnes engluées dans leurs problèmes, toujours rattrapées par la mauvaise image qu'ont d'eux les gens, y compris leurs proches, incapables de lutter contre une forme de nature déterminante. Bon, j'entends, ce pourrait être ça, le "message" de la série, bien loin de mes expectatives de spectatrice qui cherche dans ce type de production à en tirer de good vibes : laisse tomber, rien ne change, et nous sommes destinés à reproduire éternellement les schémas avec lesquels nous nous sommes construits.
Dude, merci, ça fait chaud au coeur.