A Liar and a Broken Girl (2011) - 嘘つきみーくんと壊れたまーちゃん / 110 min.
Réalisatrice : Natsuki Seta - 瀬田なつき
Acteurs principaux : Aya Omasa - 大政絢 ; Shota Sometani - 染谷将太.
Mots-clefs : Japon - Drame - Génie - Best Movie Ever.


Le pitch :
Mâ-chan, la lycéenne traumatisée, et Mî-kun, le menteur, sont deux adolescents liés par un funeste passé. Entre drame et comédie, chronique d'un film osé et ambitieux.


Premières impressions :
A Liar and a Broken Girl est ma révélation de l'année 2011. Rien ne pouvait me préparer à ce film. Le pitch laissait penser à une comédie romantique un peu gnangnante, de celles que je regarde parfois le soir pour m'endormir. L'affiche était niaiseuse à vomir des petit-poneys. Pourtant, j'étais ressorti de la salle de cinéma de la MCJP, la boule au ventre et le regard fixe.


Durant quatre ans, il m'a été impossible de confirmer cette impression. Le film n'est passé que deux fois lors d'un festival à Paris et n'a pas trouvé d'acheteur en France. Plusieurs teams de FanSub avaient ce film en projet, mais ne l'ont jamais traduit. Les rares avis spectateurs n'étaient pas très bons et je commençais à me demander si je n'avais pas fantasmé le film. Puis, la lumière est venue d'un site de fansub anglophone. J'allais enfin être fixé.


Je ne me rappelais pas parfaitement de l'intrigue, mais il n'a suffit que de quelques minutes pour que mes poils se hérissent. Mon corps se souvenait. Il se souvenait d'un film qui se camouflait derrière les codes grotesques du drama (musique rose, acteurs jeunes, sur-jeu...), pour mieux nous cueillir. Parce que le "drama" ne nous dévoile que la réalité actuelle des personnages.


Alors, les flash-back commencent, changeant totalement le ton. La camera, la musique, le jeu, deviennent sérieux, graves, horribles. On comprend que la légèreté n'est pas un jeu d'acteur, mais un jeu de personnage. Une fuite de la réalité, du passé, un mensonge. Rien n'est réel, mais tout est réel. Non, le film n'a rien perdu de sa force, il me remue toujours autant quatre ans plus tard.


Le scénario est génial, la réalisation est géniale et le jeu est génial. Le film passe du présent au passé et du passé au présent dans deux intrigues qui se répondent et avancent de concert. Le présent nous permet de respirer, de rire. Au moins jusqu'à ce que l'on comprenne que cette mise en scène est là pour nous placer dans la peau des protagonistes. Le passé est court et violent, on veut l'oublier, mais Mî-kun (Shota Sometani) brise le quatrième mur trop souvent. Il nous ramène à notre condition de menteur.


Je ne sais pas si le procédé était utilisé dans la nouvelle dont le film est adapté, mais la réalisation confine au génie. Ce n'est que le premier long métrage de Natsuki Seta, à la fois réalisatrice et co-scénariste, mais déjà on sent un sens de la réalisation construite pour l'émotion. Attention, je ne parle pas de pathos, ni de violons, je parle de vraies émotions conçues par la narration, par les changements de rythme, par la construction même du film. Natsuki Seta copie les codes pour mieux en jouer. Sous des airs "scolaires", sa prise de risque est énorme parce que l'émotion recherchée va au-delà du divertissement. Le spectateur passif ratera 50% de l'émotion et ignorera la double lecture.


Alors oui, les scènes qui ne traitent pas directement des deux protagonistes fonctionnent un peu moins bien, le côté "drama" y est mal dosé, mais ces scènes sont assez courtes et ne remettent pas suffisamment en cause le travail génial de réalisation.


Côté jeu, les deux acteurs principaux sont magnifiques. Si Aya Omasa (the broken girl "Mâ-chan") se sert de son expérience d'actrice de drama pour nous endormir, elle transcende le personnage dans sa peine. "Mî-kun, Mî-kun"... Shota Sometani crève l'écran, je ne suis pas étonné de le voir tourner régulièrement avec Sion Sono. Son personnage est Sionnesque, et sa prestation est au-delà. Clairement, sans ces deux acteurs, le film ne marcherait pas. Ils sont grandioses.


Je sais que cette critique vous révèle peu de choses du film en lui-même, mais je crois qu'il était plus intéressant, afin de vous pousser à le voir, de me concentrer sur l'émotion, sur mon ressenti. Je le dis, je l'assume, derrière une idée folle de mêler "drama" et drame, ce film est un des plus ambitieux et le plus intelligent dans sa réalisation que j'ai vu ces dix dernières années. Il faut le vivre, le regarder comme un film, puis le digérer et le comprendre dans sa seconde lecture. Ne vous fiez pas aux notes de ceux qui ne l'ont vu que comme un divertissement.


Un dvd existe en langue japonaise, (sans sous-titre), mais en retournant le web anglophone...

GwenaelGermain
9
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le 9 janv. 2016

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