Lyrisme politique
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le 15 juin 2021
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Sammy Davis Jr incarne un joueur de jazz en bout de course, que la vie n'a pas épargnée, et qui semble trainer sa souffrance dans les clubs où la vie se produit sur la scène. En-dehors, c'est un homme brisé par un traumatisme vécu dix ans plus tôt, emprisonné dans la lutte contre les droits civiques, obligé de quémander du travail à des producteurs, mais dont le caractère ne rend pas les choses faciles. En clair : il est à la dérive, et seule une femme pourrait le sauver.
Film totalement oublié jusqu'à ce que Studio Canal l'édite en blu-ray, A man called Adam est la seule et unique réalisation pour le cinéma de Leo Penn. Par ailleurs père de Sean et Chris Penn, qui se sera davantage illustré au théatre et à la télévision. Dommage d'ailleurs qu'on n'en sache guère plus sur les conditions de tournage, car c'est très fort, souvent poignant, et pour quelqu'un comme moi qui ne connait pas grand chose au Jazz, les numéros musicaux sont superbement filmés. On sent à ces moments Adam en transe, dans la vie, devant un public conquis qui mêle noirs et blancs, où la musique fait l'union, mais une fois dans les coulisses, c'est un cauchemar qui recommence pour lui.
Il boit pour oublier, mais la peine est constante, la douleur aussi, avec ces très beaux plans sur Sammy Davis Jr, qui a l'air habité par ce personnage.
Le film m'a également intéressé parce qu'il a été écrit par un couple de scénaristes, Lester et Tina Pine, également auteurs de Claudine, autre film formidable sorti en 1974 et que je ne cesse de faire vouloir découvrir, car il également question, plus frontalement ici, de la question de la ségrégation. On est en 1966, les noirs ne sont désormais plus ostracisés, ils sont tolérés dans les mêmes endroits que les blancs, mais l'idée ne passe pas encore pour tout le monde. A l'image d'une scène très forte ou, après un duo de Jazz avec partenaire blanc, ce dernier et Adam se congratulent mais sont immédiatement hués par une partie du public parce qu'ils se sont touchés. C'était aussi ça l'Amérique de l'époque, qui ne voulait pas voir un mélange des genres, et dont Adam, malgré une liaison avec une activiste de la cause noire, en fera les frais.
Il y a également beaucoup d'invités jazzmen ou d'amis, à l'image de Louis Armstrong ou Frank Sinatra Jr, Johnny Brown, Peter Lawford ou Mel Tormé, afin de donner une image crédible au film pour parler de musique, et un certain figurant nommé Morgan Freeman, dont il faut avoir des yeux bioniques pour le trouver.
Bien que ça soit avant tout un film musical, car les numéros y sont assez nombreux, A man called Adam est un drame puissant sur un homme qui coule à pic, et dont rien ne semble pouvoir le sauver. a moins que ...
Créée
le 20 août 2021
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