A most violent year est un thriller assez mou, pas mauvais pour autant, grâce à une mise en scène sobre mais élégante. On y suit le parcours d'Abel Morales, patron d'une entreprise qu'il espère voir grandir. Ainsi le voit-on acheter des cuves pour stocker le pétrole, cuves particulièrement convoitées car placées en bordure de la rivière, accès fluvial grâce auquel il ne dépendrait plus de ses camions qui se font régulièrement braquer. Mais ses concurrents ne l'entendent pas de cette oreille.
L'originalité est de présenter Abel Morales en patron droit épris d'honnêteté au point d'agacer son entourage qui voudrait le voir rendre les coups, alors même que sa famille apparaît comme menacée. Mais l'apparente honnêteté d'Abel ne le rend pas plus sympathique, car son orgueil la mue trop souvent en intransigeance.
Le film est plutôt long, deux heures quand même, mais fait l'impasse je trouve sur pas mal de ses fils scénaristiques. Pourquoi pas, je ne pense pas qu'une intrigue nécessite d'aboutir partout pour être réussie, des films comme Le grand sommeil sont là pour le rappeler. Mais là, on a surtout l'impression que les péripéties sont plus là pour faire avancer l'intrigue que pour instaurer une atmosphère (sérieusement c'est quoi ces truands qui semblent ne pas savoir garder une arme à la main?). C'est la limite de ce film, qui malgré ses beaux plans posés au début du film, particulièrement alléchants, peine à instaurer l'atmosphère un peu poisseuse pour laquelle il semble malgré tout se donner du mal. En résulte un manque de suspens, et quant à se rabattre sur les personnages, ce n'est pas si évident tant ils peinent à exister au point que chacun d'eux a besoin d'une scène afin de mettre les points sur les i pour le spectateur.
Reste qu'il y avait de l'ambition, manifestement, et le film a bien des qualités qui le rendent plutôt sympathique.