20 ans plus tard, "A nos Amours" reste le plus merveilleux - et le plus déconcertant aussi - des OVNI cinématographiques. La manière radicale dont Pialat construit (ou déconstruit) le récit, laissant le spectateur se débattre avec les trous de l'histoire (un choix qui n'a rien à voir avec le maniérisme d'une narration manipulatrice, Pialat ne montrant que ce qui fait du sens dans la construction des personnages, qui passent avant le récit). On n'oubliera pas de si tôt la bouleversante sensibilité des face-à-face entre Pialat et Bonnaire, irradiant de tendresse et de sensualité, et témoignant d'une grande histoire d'amour inavouable (on flirte avec l'inceste) mais totalement assumée - voir l'épisode de la fossette, sans doute l'un des 10 plus grands moments de Cinéma... Ni les coups de force de scènes d'une incroyable brutalité physique et émotionnelle, où le (faux) naturalisme de Pialat rejoint curieusement l'impudeur suprême du théâtre (on est finalement aussi très loin de Cassavetes). [Critique écrite en 2005]