Une mélancolie diffuse hante le film, équilibrée par l'insouciance désabusée de la jeune héroïne. Argot, matelots, colo, Suzanne sèche les cours et flirte au nez et à la barbe de ses parents. Lesquels ont conçu leur progéniture en plein milieu des "zévènements", et ça donne une brochette de prénoms croquignolets.
Dans la cellule familiale, tout part à vau-l'eau : Maman pique des crises de nerfs plus souvent qu'à son tour, Papa se tire du domicile, le grand-frère épouse la soeur de son éditeur pédant (avec lequel il aurait préféré se marier) et le petit ami craint tellement qu'il finit par se faire lâcher sans comprendre pourquoi. Le tout sans caricature, au gré des aventures amoureuses de la toute jeune Sandrine Bonnaire, moue ravageuse d'enfant précoce. Un beau portrait d'adolescente par Pialat qui joue les pères avec une distance complice. Un film sympathique et désenchanté, dont on peut encore apprécier la justesse mais qui a perdu quelque chose (sa fraîcheur?) en vieillissant. Pour établir une comparaison, "Les valseuses" qui fait aussi intervenir une toute jeune actrice en la personne d'Huppert, a conservé ce panache qui donne envie de le revoir. Néanmoins, une vision du film de Pialat s'impose pour qui apprécie le cinéma honnête, à la fois grave et ludique.
tizboe
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le 12 août 2014

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le 13 août 2014

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