A.P.E.X.
3.1
A.P.E.X.

Film de Phillip J. Roth (1994)

Ca fait très longtemps que ce A.P.E.X. me fait de l’œil, Rick pourra le confirmer, ça fait longtemps que je lui en parle. A vrai dire, ça remonte à ma tendre jeunesse, la belle époque des vidéos clubs et de ces films obscurs aux jaquettes ô combien audacieuses et aguicheuses, essayant de te vendre un semblant de rêve, ici avec un robot, un mec ressemblant à Duke Nukem (et pour le geek que je suis, ce nom évoque forcément des choses), et des soldats tout de flingues affublés. Un programme très tentant pour l’amateur de nanars que j’étais déjà, mais au final un peu trop angoissant tout de même parce qu’on n’est pas à l’abri de tomber sur un navet de compétition façon « Ils sont beaux mes navets, ils sont beaux ! ». La V.H.S resta à tout jamais sur l’étagère… Il aura fallu 20 ans, et une recherche Google sur tout autre chose pour que la jaquette de A.PE.X. ressurgisse tel un prédateur qui retrouve sa proie en lui disant : « Je t’avais dit qu’un jour je t’aurais… ». L’inévitable arriva puisque cela semblait être ma destinée, je me lançais donc dans cette série B de science fiction surfant sur la vague Terminator, la main un peu tremblante, l’œil vaseux, le cœur palpitant…


La mise en place de l’univers et du scénario se fait avec un texte qui défile en une minute top chrono, comme ça c’est réglé et on passe à autre chose. Hey, mais voilà un générique d’intro en images de synthèse pas trop mal branlé avec une musique SF pas dégueux, ça change des classiques noms qui s’affichent sur fond noir sans le moindre son! Le film commence réellement et hey ! Ca semble avoir un budget correct pour ce genre de production. Ca reste un truc sans trop de sous, mais on sent un effort sur les décors en intérieur et ça passe plutôt pas mal. Les décors en extérieur également dis-donc, j’en suis espanté ! Les bâtiments à moitié détruits de ces friches industrielles où est tourné le film sont très crédibles pour un film de SF façon post-apo. Quand tout à coup, sans prévenir, le robot arrive. Et là ouh bordel, mais qui est le designer de cette chose !?! On en a vu des robots moches, mais celui-là il en tient une couche ! C’est quoi ce look improbable !?! On dirait un méchant de Bioman qui tiendrait plus de la boite de conserve ! Et en plus, il semble être de la même famille qu’un stormtrooper car la visée, ce n’est pas son truc à lui vous voyez ? Bref
Alors pour vous la faire court en ce qui concerne le scénario, on est en 2073, ils vont envoyer un robot dans le passé (ca ne vous rappelle rien ?), en 1973. Mais bim, incident, et le robot va bien entendu être livré à lui-même, libérant sa folie destructrice rire diabolique. Ils vont donc envoyer un mec dans le passé et rebim, effet papillon, le futur va être changé, les robots sont en guerre contre les humains. Mais en fait, c’est plus complexe que ça, avec des réalités parallèles qui essaient de rentrer en contact les unes avec les autres, des paradoxes spatio-temporels où le temps finit par boucler la boucle comme ils aiment à le dire à un moment donné pour se donner l’air intelligent (ou nous le faire croire en tout cas). Ah oui, ils ont essayé de proposer quelque chose d’un peu plus évolué qu’à l’accoutumée, sauf que c’est décousu et plein d’incohérences.


Le film avance et on se rend compte que la mise en scène n’est pas trop mal fichue. Certains plans sont même très jolis pour une production du genre. On a l’impression que cela a été fait avec pas mal de sérieux malgré tout ! Bon, les effets spéciaux en images de synthèse, ce n’est pas ça hein, je rappelle qu’on est dans une production bas de gamme de 1994 et que donc on est dans le niveau graphique d’une cinematique PS1 d’un mauvais jeu. Mais par contre, oh yeah, les effets pyrotechniques (et ils sont très nombreux), c’est du vrai, du qui sent la poudre ! En revanche, le rythme du film est en dents de scie, et certains passages sont clairement mous du genou…
Les scènes d’action rendent visuellement pas trop mal, mais leur intensité n’est pas toujours là. Quasiment jamais en fait… En général, tu as deux soldats qui tirent comme des gros dératés sur un robot à l’arrêt qui tire aussi sur eux, jusqu’à ce que ce dernier explose. Pas de moment épique, ni dans le sens impressionnant, ni dans le sens improbable, c’est juste statique. Il faut dire que les robots ne sont pas non plus les plus nerveux du monde… Même le final a ce problème. On voit des soldats tirer mais on ne voit pas sur qui, on voit des robots tirer mais on ne sait pas sur qui, et le résultat à l’écran est assez… étrange. Et dire que A.P.E.X. a été nominé dans la catégorie Meilleur Film de Fantasy en 1994 au Fantasporto International Film Festival de Porto (Portugal)…


Dans l’absolu, A.P.E.X tient plus de la série B bas de gamme à tendance navetteuse. Même le casting et son charisme général au raz des pâquerettes est là pour nous le rappeler. Entre le héros absolument quelconque, le chef des soldats ressemblant à s’y méprendre à Duke Nukem, et tous les clichés de l’époque qui sont ici réunis dans un même film (le gros black spécialiste des armes lourdes, la scientifique qui bien entendu est une asiatique à lunettes,…), c’est vraiment pas gagné.
Mais le film semble fait avec tellement de sérieux que ses quelques incursions nanardesques prennent une toute autre ampleur. Le baiser de fin de film qu’on voit venir à des kilomètres avec sa musique romanesque est d’un kitch à toute épreuve. On rigole lorsqu’un des héros met un mini CD musical à la place du CD système d’exploitation du robot et que celui-ci ne le supporte pas et explose. « Un peu plus près des étoiles » comme dirait un poète français bien connu… Et que dire de cette punchline absolument mythique, arrivant direct dans mon Top 5 des punchlines nanardes les plus improbables : « Je vais te botter le cul si fort que ton premier môme aura des vertiges toute sa vie ». Oui, Dieu bénisse les VF lowcost des années 80/90 !


Même s’il n’est pas un vrai nanar à proprement parler, A.P.E.X. mérite sa place dans cette semaine spéciale de par les incursions qu’il y fait et toutes ces choses bancales, étranges ou foireuses qui le parcourent. J’en attendais beaucoup nanardement parlant bien entendu, et au final je suis assez déçu…


Critique complète avec images et trailer : ICI

cherycok
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le 25 mars 2016

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