Farhadi prend son temps

Traité avec un réalisme impeccable, Farhadi nous démontre son immense intérêt pour le côté social de l’être humain dans ce film à la fois terrifiant et à la fois réconfortant. L’attention au détail du réalisateur est incroyable, que ce soit dans ses plans- où est-ce qu’il met en valeur ce qui est visiblement évidant et ce qui ne l’est pas- ou dans son dialogue- où n’importe quel interaction qui semble banale peut être cruciale au reste des évènements. Voilà aussi ce qui rend le personnage d’Elly si intéressant, nous n’en savons pas vraiment plus sur elle que les autres personnages. Chaque fois que nous apprenons quelque chose, nous ne sommes pas les seuls. Lors de sa disparition, nous sommes laissés avec l’idée que nous nous sommes faites d’elle, qui est, si je peux me permettre de le dire, très mystérieuse.

Farhadi prend son temps. Il n’y a pas de conflit avant 35 minutes, nous donnant l’opportunité de découvrir les personnages dans leur état naturel. Cette touche de naturalisme ajoute non seulement le réalisme au film, mais beaucoup d’émotion.

La gestion des acteurs est fantastique. La scène où est-ce que le personnage de Golshifteh Farahani panique après la disparition est magnifiquement angoissante, elle nous prouve qu’elle est une grande actrice.

Farhadi nous éblouit avec cet oeuvre formidablement bien ficelé.