Un doc sur Nice en 1930. Rien d'affolant à priori.
Et pourtant... Le génie de ces 23 minutes surréaliste consiste en un montage lumineux qui superpose des plans disparates pour leur donner un relief étonnant et un sens iconoclaste.
A l'image de ce défilé militaire entrecoupé de plans sur un cimetière.
Ou ces promeneuses du bord de mer ponctuant un plan de crocodiles (femelles ?) plongeant dans l'eau.
Ou encore ces précieuses bourgeoises soulignées par le coup gracile d'autruches au port altier.
C'est en même temps un témoignage délirant sur un lieux et une époque révolues et inimaginables. Les hydravions posés non loin de la promenade des anglais en donnent une idée.
Il y a dans ces plans un modernisme prodigieux. Le mélange des univers, des niveaux sociaux, le contraste entre les quartiers et les moments filmés (promenade des anglais / scènes de lavoirs, façades des palaces / carnaval, etc etc...) confèrent à l'ensemble un ton unique et une ambiance stupéfiante.
Alors, si en 23 minutes, ça vous dit de voir des statues de carnaval, une dame surgie d'un dessin de Dubout, des militaires, une dame toute nue, des rombières magnifiques, des gens qui jouent aux boules, d'autres qui jouent à une variante de "pierre-ciseaux-cailloux", des jambes, des cirages de chaussures, des plans aériens, des danseuses à la jambe légère, des coureurs automobiles, des amateurs de siestes, des autruches, des défilés, des cimetières, des palmiers, des clients de terrasses alanguis, des grooms et biens d'autres personnages délirants encore, le tout superbement ambiancé par Marc Peronne, foncez !
Le sujet et l'oeil de Vigo font des courts moments un espace de rêve décalé. Une plongée sublime dans un autre temps, superbement mise en image.