Un doc sur Nice en 1930. Rien d'affolant à priori.
Et pourtant... Le génie de ces 23 minutes surréaliste consiste en un montage lumineux qui superpose des plans disparates pour leur donner un relief étonnant et un sens iconoclaste.
A l'image de ce défilé militaire entrecoupé de plans sur un cimetière.
Ou ces promeneuses du bord de mer ponctuant un plan de crocodiles (femelles ?) plongeant dans l'eau.
Ou encore ces précieuses bourgeoises soulignées par le coup gracile d'autruches au port altier.


C'est en même temps un témoignage délirant sur un lieux et une époque révolues et inimaginables. Les hydravions posés non loin de la promenade des anglais en donnent une idée.


Il y a dans ces plans un modernisme prodigieux. Le mélange des univers, des niveaux sociaux, le contraste entre les quartiers et les moments filmés (promenade des anglais / scènes de lavoirs, façades des palaces / carnaval, etc etc...) confèrent à l'ensemble un ton unique et une ambiance stupéfiante.


Alors, si en 23 minutes, ça vous dit de voir des statues de carnaval, une dame surgie d'un dessin de Dubout, des militaires, une dame toute nue, des rombières magnifiques, des gens qui jouent aux boules, d'autres qui jouent à une variante de "pierre-ciseaux-cailloux", des jambes, des cirages de chaussures, des plans aériens, des danseuses à la jambe légère, des coureurs automobiles, des amateurs de siestes, des autruches, des défilés, des cimetières, des palmiers, des clients de terrasses alanguis, des grooms et biens d'autres personnages délirants encore, le tout superbement ambiancé par Marc Peronne, foncez !


Le sujet et l'oeil de Vigo font des courts moments un espace de rêve décalé. Une plongée sublime dans un autre temps, superbement mise en image.

guyness
8
Écrit par

Créée

le 18 juil. 2011

Critique lue 992 fois

41 j'aime

1 commentaire

guyness

Écrit par

Critique lue 992 fois

41
1

D'autres avis sur À propos de Nice

À propos de Nice
Grard-Rocher
8

Critique de À propos de Nice par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ce film de 23 minutes nous promène dans le Nice de 1930. Après une vue panoramique de l'endroit nous entrons dans le Nice du plaisir avec ses terrasses de cafés ensoleillées où des résidents aisés...

36 j'aime

6

À propos de Nice
Sergent_Pepper
8

Nomme à la caméra

Si l’on devait résumer à des étudiants la quintessence du cinéma et toutes les problématiques liées à la représentation, particulièrement questionnée dans le genre du documentaire, ce premier film de...

le 1 oct. 2020

21 j'aime

À propos de Nice
Camille_H
8

L'oeil et l'objectif, à propos de Nice.

Nice. Puis des casinos, puis rien. Nice. Puis des artisans, des bars, des artisans, des bars, une statue, une dame, des parasols. Un palmier. Nice et ses ruelles, les gens qui passent, qui marchent...

le 3 mai 2015

9 j'aime

Du même critique

Django Unchained
guyness
8

Quentin, talent finaud

Tarantino est un cinéphile énigmatique. Considéré pour son amour du cinéma bis (ou de genre), le garçon se révèle être, au détours d'interviews dignes de ce nom, un véritable boulimique de tous les...

le 17 janv. 2013

343 j'aime

51

Les 8 Salopards
guyness
9

Classe de neige

Il n'est finalement pas étonnant que Tarantino ait demandé aux salles qui souhaitent diffuser son dernier film en avant-première des conditions que ses détracteurs pourraient considérer comme...

le 31 déc. 2015

318 j'aime

43

Interstellar
guyness
4

Tes désirs sont désordres

Christopher navigue un peu seul, loin au-dessus d’une marée basse qui, en se retirant, laisse la grise grève exposer les carcasses de vieux crabes comme Michael Bay ou les étoiles de mers mortes de...

le 12 nov. 2014

299 j'aime

141