Après leur médiocre Burn After Reading, les frères Coen reviennent avec une nouvelle comédie noire teintée d'une ironie mordante qui se joue des codes attribués à la communauté juive et qui a de quoi laisser perplexe (la scène d'introduction est elle censée livrer une clé pour mieux apréhender le récit?).
Tour à tour drôle (ou plutôt cynique), troublant et déroutant, le film pourrait être envisagé sous la forme d'une tirade vis à vis de leur éducation religieuse avec ses rites ou ses figures symboliques (à cet égard, les scènes avec les rabbins se situent à mi-chemin entre la pure comédie et le règlement de comptes).
L'ironie, présente tout au long du métrage, se situe surtout dans le titre puisque cet « homme sérieux » bien sous touts rapports et en apparence dans sa vie bien rangée, cache en réalité certaines tares et vices insoupçonnées dans son propre foyer. Un homme ancré dans les valeurs de sa communauté, à qui le quotidien va se muer en une inéluctable descente en enfer et qui n'aura de cesse que de chercher des réponses à la séries d'épreuves qui l'accable. La souffrance de cet homme sera surtout celle de se faire entendre par son entourage, ses amis ou les rabbins qui se prétendent détenteurs d'un savoir qu'il recherche ou de signes qu'il cherche à interpréter et décoder.
Comme à leurs habitudes, tout est nickel dans le dernier Coens, de la photo aux décors et au son en passant aux costumes pour recréer une ambiance très « American's way of life ». Avec un casting quasiment anonyme, bien loin des têtes d'affiche glamour de leur dernier opus (Mr Jolie ou un illustre représentant en torréfaction), les Coen Brothers optent pour la discrétion. D'ailleurs il y a fort à parier que peu de personnes soit au fait de la sortie en salle de leur dernier film, tant celui-ci a fait peu de bruit pour sa distribution.
J& E Coen signent une comédie « drôlement sérieuse » et archipersonnelle en jetant un regard à la fois surréaliste, sinistre et affectueux d'une communauté juive assez étouffante.