"No I don't deserve that.. I.. am a serious man you know?" Alors qu'il s'évertue à clamer sous tous les toits sa vertu et son sérieux, Larry Gopnik (Michael Stuhlbarg) reçoit une avalanche de malheurs sur la tête. Les chocs sont de plus en plus violents, autour les choses se disloquent, ses proches s'éloignent comme jamais, son monde se délite petit à petit. Ne reste que lui, plongé dans le vide laissé par tout ce qui a constitué sa vie autrefois.
C'est un film sur le réveil d'un homme qui a passé sa vie à être spectateur, à se laisser porter par ce qui l'emportait, sans résistance. Ouvrir les yeux, c'est si douloureux quand on dort longtemps. Comment faire pour retrouver cette routine qui le préservait du choix de soi, maintenant que ses fidèles garde-fous sont tombés (sa femme aimante - enfin, qu'il pensait aimante, jusqu'à ce jour où elle lui annonce qu'elle veut divorcer, qu'il devait s'en douter, qu'il ne se passer plus rien entre eux...ah bon? - son poste de professeur, sa maison paisible, dans un voisinage paisible (ou presque, il y a cet homme, qui n'emmène pas son enfant à l'école, il faut s'en méfier) sa vie normale). Il va voir ces fameux sages, ces rabbins, dont on dit qu'ils savent comment vivre bien, comment être un "homme sérieux". Il cherche des réponses, mais n'en aura jamais, sauf peut-être quand il verra poindre l'inéluctable, le seul véritable réel..
Les frères Coen réalisent là un film qu'on dit personnel et autobiographique, mais qui n'élude en rien son aspect universel. Leur cinéma fait mouche à ce moment particulier où le spectateur rit de son propre rire, tout en apercevant le gouffre que supposent les pistes de réflexions amenées. Le comique de répétition est parfaitement maîtrisé, tout comme leur sens de l'absurde. Sens dont ils n'abusent finalement jamais, tant il s'en dégage une puissance évocatrice.
Ceci dit, je n'arrive pas, et n'arriverai sans doute jamais, à m'emballer pour ce genre de cinéma. Je l'admire, mais je ne m'émerveille pas. Je loue son originalité et son audace, mais regrette le manque d'empathie qu'il génère. Parfait dans son genre, mais genre trop parfait.