Tom Ford signe ici un premier film pour le moins déroutant, magnétique et stylisé. Il réussit le pari extraordinaire de recomposer une ambiance sixties au millimètre, teintée d’un esthétisme impressionnant. Dans la vie de George tout est symétrie, calme et propreté, une existence éteinte depuis la fin tragique de son amant. Une relation qu'on sent fulgurante, et seule audace et exception qu'il ait eu face à son ascétique destinée provoquée par son rang social.
Mais plus encore que l’objet visuel hautement recherché, A single man nous écorche par un sens aigu de la narration. Le fil conducteur, tendu entre deux morts se tend de plus en plus au fur et à mesure du récit provoquant le malaise, l’angoisse contenue, l’étouffement progressif. Nous évoluons avec George, héros discret et terrassé, et plutôt que d’appesantir le propos aves les mots, l’image se fait voix-off. Les cadrages, plans, décors, costumes viennent parfaire cette impression de désœuvrement qui mène doucement mais surement au drame.
On pense à Antonioni, à Sirk et autres maîtres qui savaient ciseler l’émotion à l’épure, à grand renfort d’effets aussi simples qu’efficaces.
Il faudrait être totalement dépourvu d’humanité pour rester de glace face à un tel film ! Une merveille autant qu’une douleur aigue !