Jackson Maine, avec sa dégaine de cow-boy, l’authenticité de son vécu et sa virtuosité à la guitare, électrise la foule de ses fans dans de méga-concerts de rock-country. Dopé aux amphétamines, stéroïdes et gin, comme pour soigner son mal-être, sa nostalgie d’enfant de l’Amérique profonde plongé alors, en compagnon de biture de son père, dans la solitude d’un ranch de l’Arizona.
Jusqu’à sa rencontre avec Ally, au pur hasard de ses errances d’après spectacle - une prédestination ? - serveuse cachetonnant La Vie en rose de Piaf entre deux tours de chant d’un bar de travestis. La découverte du joyau d’une voix, de compositions musicales puisant dans l’intime de l’être, d’une jeune femme doutant de sa beauté, décalée, de la taille de son nez - clin d’œil à Barbara Streisand - loin des standards et dictatures des clones, froides et inexpressives recherchant à gommer leurs imperfections contemporaines.
Il l’enrôlera dans son spectacle, au diapason de leurs duos d’amoureux, protecteur, ne lui dispensant que le conseil de rester elle-même pour durer, soi, naturelle, sans artifices. Le découvreur ne se veut pas Pygmalion : il se présentera pourtant sous l’aspect du directeur artistique d’une major de disques, tentateur et calculateur, lui imposant d’incarner le personnage public formaté qu’elle n’est pas, chevelure, habits de scène et chorégraphie de meneuse de revue. En un mot, Ally, fiction interprétée par Lady Gaga, rejoint, comme en jeu de miroir, la propre réalité de Lady Gaga !
Lui comprend qu’il la perd, qu’elle se perd, au cours d’une mémorable soirée des Grammy Awards, refusant le monde des mirages et du rêve. En décalage avec la conception de l’art et de l’artiste, théâtre, cinéma, chanson, fondée sur le travestissement, le dédoublement de la personnalité, le masque du jeu de rôles. Trop pur ou inadapté pour accepter ce showbiz qui n’est pas le sien, il ne peut se résoudre à envisager compromis ou compromissions. Il ne pourra le dénoncer qu’en s’effaçant.
Un film crépusculaire à la Clint Eastwood, porté par des acteurs d’exception, qui a trouvé en Bradley Cooper un héritier, en metteur en scène riche de promesses.

Lesaloes
9
Écrit par

Créée

le 18 avr. 2019

Critique lue 167 fois

Lesaloes

Écrit par

Critique lue 167 fois

D'autres avis sur A Star Is Born

A Star Is Born
MrMovieFan26
5

Un film sans saveur, pourtant...

C’est assez rare que je sois aussi partagé sur un film en sortie de séance.Commençons par le premier tiers du film, qui est pour le coup une vraie réussite. La photographie est soignée, les premières...

le 6 oct. 2018

82 j'aime

5

A Star Is Born
RedArrow
7

A director is born !

Dans un premier temps, impossible de ne pas être pas emporté par cette espèce de romance intemporelle et musicale que signe Bradley Cooper en guise de premier long-métrage ! On comprend finalement...

le 3 oct. 2018

60 j'aime

4

A Star Is Born
Olivier_Paturau
4

Gueule de bois

Passé une première demi-heure enthousiasmante, A Star is Born peine à convaincre et finit paralysé par des défauts d'écriture majeurs. Alors qu'il étire son récit sur deux heures et quart, le film...

le 3 oct. 2018

52 j'aime

8

Du même critique

The Brutalist
Lesaloes
6

Rebâtir une vie

The Brutalist d’une durée de trois heures ambitionne, pour faire saga, la longueur de films références, d’Autant en emporte le vent à Il était une fois en Amérique et Le Parrain, et fera penser par...

le 24 févr. 2025

1 j'aime

1

La Zone d’intérêt
Lesaloes
8

Aux bouches de l’Enfer, l’inexpiable bonheur  

Et au milieu coule une rivière. Un vrai paysage de carte postale. Et les invités féliciteront leur amie Hedwig Höss, absolument enchantés de leur séjour pendant les rudes chaleurs de l’été...

le 21 janv. 2024

1 j'aime

Last Exit to Brooklyn
Lesaloes
10

Impasse du rêve américain

« ...Que dire des hommes, habitant des cabanes d’argile, bâties sur la poussière, qu’on écrase comme des vermisseaux ! Du matin au soir, ils sont détruits. Sans que l’on y prenne garde ils...

le 19 avr. 2019

1 j'aime

2