Je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre avec ce film. Il m’a été recommandé par Jonas Muth, illustre inconnu de Senscritique.
Je n’en savais pas plus et j’ai démarré le film vierge de toute info sur son propos.
Évidemment, je savais que c’était un film Coréen et du coup, j’avais connement quelques appréhensions. J’ai rarement accroché au cinéma Asiatique de façon globale. Jugez-moi, mais je trouve ça souvent lent, poussif, caricatural, excessif en tout et violent pour rien. Old Boy en étant pour moi un des plus criant rebut.
On retrouvera ici quelques travers qui me font d’habitude fuir ce genre. La violence en particulier. Seulement voilà, ici, c’est l’Histoire. Je ne suis pas allé chercher la véracité des propos du film, j’ai trouvé cela suffisamment poignant pour ne pas prolonger mon voyage dans ce témoignage qui m’a véritablement bouleversé.
J’ai toujours beaucoup de mal avec la violence dans les films. Qu’elle soit historique ou non.
J’ai dû faire de nombreuses pauses pendant le visionnage, histoire de souffler un peu. J’étais à fond, à côté des protagonistes et je m’étais attaché. Du coup, j’avais besoin de décompresser, de reprendre pied dans ma réalité.
C’est d’ailleurs selon moi le point fort de ce film : l’Humanité. Ce film transpire ce qu’il y a de meilleur en nous, à travers une mise en scène impeccable, des acteurs virtuoses et une histoire haletante, menée d’une main de maitre. Souvent les larmes me sont montées aux yeux et ont fini par se déverser pendant le générique de fin. Putain que ce film est beau et puissant !
Ce film, c’est la parenthèse hors norme dans une vie d’homme. C’est un regard jeté sur un moment clef, puissant, le moment d’une vie. Le moment où l’homme doit puiser en son for intérieur pour en sortir ce qu’il a de meilleur, quitte à y risquer sa vie. Mais c’est aussi l’histoire d’un choix. Le choix de partir, de tourner le dos à ses convictions et de laisser des gens en danger sur la route qu’on vient d’abandonner. Je m’étais tellement attaché à notre héros que je le suppliais de partir, de foutre le camp, de tout laisser tomber pour retrouver sa fille. C’est peut-être ce que j’aurais fait à sa place...
Mais le film est aussi déroutant dans sa construction. Le début flirte carrément avec le burlesque. La musique, les plans, l’ambiance colorée, tout porte à nous apaiser, nous installer confortablement dans un quotidien rieur, avec certes quelques tracas, mais rien d’insurmontable. Un habile piège tendu au spectateur en suivant ce bonhomme de héros, qui jusque devant la répression ne croira pas à ce qu’il se passe. Ce début de film sera l’exact opposé de la scène de poursuite de nuit, totalement poignante, étouffante et blafarde. On a parfois l’impression que le réalisateur tente de prouver qu’il maitrise tous les genres, y compris dans une course poursuite finale, à mes yeux moins réussie, mais tout à fait maitrisée en matière de timing et de cadrage.
Ce film est une pépite à découvrir car il retrace ce qu’il y a de meilleur et de pire en nous. Par bien des aspects il m’a fait penser à Argo. J’en suis ressorti comme au réveil d’un cauchemar.
Bref, un grand merci à Jonas Muth pour cet indéniable coup de cœur que je n’aurais jamais regardé de mon propre chef.
Ce film fait partie de la liste https://www.senscritique.com/liste/Partage_de_films_edition_avril_2018/2071228 créée par Moonlucide. Merci à lui aussi.