Once upon a time in China.
Dixième long-métrage du cinéaste Jia Zhang Ke (si on compte les documentaires "Useless" et "I wish I knew"), "A touch of sin", co-production entre la Chine, la France et le Japon, aura reçu un excellent accueil dans les divers festivals où il fût présenté, récoltant notamment le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes en 2013.
Le film de Jia Zhang Ke est construit en plusieurs segments, chacun suivant le parcours chaotique de différents personnages à travers la Chine contemporaine, et décrit surtout leur inévitable descente aux enfers. Mais qu'ils soient victimes, bourreaux, ou bien les deux, ils finiront pour la plupart avalé par leur environnement étouffant.
Sorte de wu xia pian des temps modernes (le titre renvoi d'ailleurs au classique "A touch of zen"), avec même un petit soupçon de western dans sa première partie, "A touch of sin" fait l'effet d'un uppercut en pleine face, tape là où ça fait mal, vous laisse pantelant à la fin du générique avec un sale goût dans la bouche et la rétine douloureuse imprégnée de sang.
Avec un sens de la mise en scène indéniable, quelque part entre Innaritu et Sergio Leone, Jia Zhang Ke orchestre une radiographie désenchantée de la Chine actuelle, règle ses comptes avec une société broyant de l'humain à la minute, et semble nous dire que rien n'a finalement changé depuis des siècles et des siècles malgré les apparences.
A la fois ample et aride, d'une violence sèche et brutale, non dénué d'un humour très noir, "A touch of sin" est à voir absolument, un instantané d'un monde étrange mais qui est bien le nôtre, où les buildings poussent au milieu des champs, où le folklore et les esprits tentent de cohabiter avec un capitalisme sauvage à l'appétit d'ogre. Un monde où l'humain devra batailler dur pour survivre une petite minute de plus, au prix de son âme s'il le faut.