A Touch of Sin par Heavenly
Dahai, Zhou San, Xiao Yu et Xiao Hui. Quatre noms, quatre histoires aux quatre coins de la Chine. Jia Zhang-ke s'inspire de faits divers réels sordides piochés sur les réseaux sociaux autant que des Wu Xia Pian (films d'arts martiaux chinois) et enrobe le tout d'une mise en scène sublime qui ne tolèrera aucune critique.
Le résultat est un film-somme, une fresque dont la fluidité de la mise en scène et du récit tranche radicalement avec la violence rude et implacable qui la ponctue.
A travers le portrait de ces hommes et de cette femme, un mineur excédé par le comportement de son patron et l'aveuglement de ses compatriotes, un type qui a trouvé dans le crime la seule façon de pouvoir vivre dignement, une femme-amante victime de l'humiliation et de l'agressivité d'un riche connard, un jeune homme obligé de multiplier les boulots difficiles pour s'en sortir, Jia Zhang-ke évoque les bouleversements de son pays, la place de la femme, du travailleur pauvre, la corruption, la prostitution... son film est éminemment politique et finalement plus universel qu'il n'y paraît.
Les quatre histoires se passent le relais de façon admirable, les personnages ne font que se croiser, ne se connaissent pas... seules leurs destinées ont en commun une noirceur et une violence abyssale. Rares ont été au cinéma cette année les scènes qui vous clouent au siège par l'intensité de leur brutalité.
Des quatre acteurs, tous impeccables, je souligne l'immense jeu de Zhao Tao, actrice fétiche et épouse du réalisateur, que j'ai trouvée absolument magnifique.
A touch of sin, prix du scénario au dernier festival de Cannes, est un très grand film, maîtrisé de bout en bout, à voir absolument.