A Touch Of Violent Capitalism.
Mise en abime de la Chine contemporaine,"A Touch Of Sin" nous dévoile un pays gangréné par la corruption et la violence.Longtemps considéré comme un Etat du Tiers Monde par les occidentaux en raison de son histoire(le communisme comme doctrine politique dans un monde capitaliste) et de son régime dictatorial,il a depuis une vingtaine d'années rattrapé puis dépassé ce retard en devenant la première puissance mondiale.Au prix d'un développement effréné exigé par une mondialisation à laquelle le pays n'était pas suffisamment préparé,obligeant un peuple à se soumettre à cette idéologie.C'est ce que Jia Zhang-Ke nous raconte à travers l'histoire de 4 personnages vivant dans 4 régions différentes,représentative de la situation actuelle.La conscience de ces nouveaux indignés est une métaphore du soulèvement et de la révolte qui grondent et a de plus d'échos dans le pays.
Un mineur de fond,las des magouilles financières de ses patrons et surtout de l'humiliation subie au quotidien,se transforme en prédateur.
Un jeune père de famille(dont on devine plus ou moins les origines paysannes et le rôle que joue les rituels traditionnels à travers certaines situations),las de sa condition d'oublié de la croissance économique ,décide de s'en prendre aux nouvelles classes aisées voire riches.
Une réceptionniste d'un sauna maltraitée par des clients dessine la condition des femmes de la classe moyenne,ou pauvre comme étant soumises au machisme et au patriarcat.Ces femmes n'ont d'autres choix que de s'affirmer dans la vengeance.
Enfin,qu'advient-il de cette jeunesse perdue sans repères dans cette société qui l'oblige à des actes désespérés,ou l'amour et la solidarité sont éradiqués,car signes de faiblesse,un pays ou le productivisme forcené est le maitre mot?
La mise en scène suit ces personnages au plus près de leurs colères,et évoque avec finesse tout en la dénonçant,l'idéologie Maoïste(allers-retours fréquents dans la première partie du film du mineur avec images presque subliminales de prosternation devant sa statue),ou l'individualisation de cette société ne pouvait que s’exacerber à cause de cet esprit de collectivisme.Les paysages montagneux et désertiques les espaces clos et confinés,la neige qui tombe abondamment(tonalités de couleurs froides filant la métaphore d'un pays replié sur lui même de peur de ne pas être prêt à rentrer dans ce monde global.
Ce chef d’œuvre annoncé n'en est pourtant pas un.La faute à une certaine complaisance dans la représentation de cette violence qu'on peut assimiler à une apologie de la vengeance.Tout en décrivant cette triste réalité,le cinéaste semble prendre un malin plaisir à voir cette rage exploser dans un déluge de tueries toutes plus sauvages les unes que les autres.Il ne s'embarrasse d'aucune mise à distance et semble approuver celle-ci.Le capitalisme sauvage engendre des monstres qui ne peuvent que compter sur eux mêmes pour se faire justice.La fin justifie les moyens,d'après lui.Cette justification est assez ambiguë et laisse une impression plutôt mitigée.De même que le traitement de de leurs cheminements est parfois inégal(l'histoire du père méritait une approche plus longue alors que celle du mineur est un peu trop développée),ce qui donne quelques longueurs superflues.
A voir car cela reste une vision lucide et réaliste d'une Chine qui court à sa perte en sacrifiant l'humanité sur l'autel du capitalisme roi,tout en le déconseillant aux âmes sensibles et à ceux que l'ambivalence de ce discours rendra sceptiques.