Dernière oeuvre de John Woo avant son départ pour le pays de l'Oncle Sam, Hard Boiled regroupe une grande partie de ses thèmes de prédilections, notamment l'honneur, l'amitié ou encore l'amour pouvant fleurir dans le sang et le crime.
Il évoque ces quelques points à travers une histoire d'infiltration sur fond d'opposition entre flics et mafias assez classique mais rondement et efficacement écrite et menée. Les rebondissements sont intéressants et surtout bien mis en scène, Woo sachant faire vivre ces personnages pour mieux en faire ressortir les diverses sensations voire un aspect assez jouissif, avec quelques séquences de gunfights vraiment remarquables, comme on en avait l'habitude avec son cinéma depuis Le Syndicat du Crime.
Alors certes, l'excès est parfois de mise, notamment dans la violence mais bon Dieu que c'est bon, que c'est jouissif ! C'est ça aussi le cinéma, on veut s'en prendre plein la tronche et John Woo l'a bien compris. Il ne néglige rien, l'histoire est intéressante, les personnages encore plus et surtout la mise en scène est brillante, avec des explosions de partout, des envolées furieuses au cœur de la violence, d'un amour et d'une ville devenue le temps d'un règlement de compte un personnage à part entière.
Toute la force du cinéma de John Woo est bien présent ici, que ce soit sa science du montage, l'injection d'une forte dose d'intensité, le dynamisme ainsi que des relations fortes entre les personnages où il ne tombe jamais dans le ridicule ou la lourdeur. La mise en image est violente et explosive, participant à l'ambiance fascinante et à la limite du surréalisme tandis que les comédiens, souvent charismatiques à souhait, s'imposent parfaitement devant la caméra virevoltante d'un John Woo prêt à céder aux sirènes yankees...
C'est un mythe que met en scène John Woo pour son crépuscule Hong-kongais, et il propose avec Hard Boiled une mise en scène totalement géniale et défini ses propres codes du cinéma d'action pour une oeuvre mémorable et puissante.