Je craignais que Griffith me déçoive de nouveau après le déprimant « Le lys brisé » mais d’un autre côté, « A travers l’orage » à ce que ses autres films (à l’exception de « La conscience vengeresse » assez court) qui m’avaient plu ont : la durée. « A travers l’orage » dure deux heures et demie.
Et je ne les ai pas vue vraiment passer. Nous suivons le destin d’Anna (Lillian Gish évidemment, déchirante), jeune femme rendant visite à sa tante riche avant de l’aider financièrement elle et sa mère. Mais elle n’est pas vraiment contente de sa visite et elle et ses cousines se moquent d’elle.
Mais assez rapidement, Anna charme, malgré elle, le riche Sanderson dont l’intertitre qui le présente insiste bien sur ce qu’il intéresse : « Les femmes, les femmes et les femmes. »,
Anna ne sera qu’une énième conquête pour lui, à qui il offrira un temps une belle vie et un mariage en carton. Elle, pleine d’illusions et bientôt enceinte de lui, enfant qui mourra, trouvera travail et refuge chez la famille Bartlett.
Bon là, on se dit que c’est quand même déprimant, ça l’est, sauf que Griffith, pour la première fois, décide d’alléger cela par des scènes burlesques et cela jusqu’à la toute fin. L’humour arrive vers le moment où la jeune femme achève son conte de fée, nous faisons la connaissance de la famille Bartlett, habitant à Barlett (oui, ça s’invente pas).
Mais c’est évidemment la partie où elle travaillera et vivra chez cette famille qui est la plus intéressante, le fiston s’éprend immédiatement d’elle : ils ne savent rien de son passé.
Tous les rebondissements sont prévisibles quoi que… mais bien que quelques longueurs, c’est vraiment bien mené, et puis le film fait partie des œuvres dont le final emporte sur le reste mais la scène juste avant le final dont je dirais rien ici, c’est costaud émotionnellement.
Le film est surtout célèbre pour son final sur un lac glacé tourné en conditions réelles et offrant beaucoup de suspens et des plans, parfois des gros plans, d’une beauté saisissante.
« A travers l’orage » prouve que vraiment Griffith était fait pour raconter des histoires sur la longueur, qu’il est un excellent conteur, directeur d’actrices et d’acteurs (outre Lillian Gish dans un registre très proche de « La lettre écarlate », il y a Richard Barthelmess qui est très bien et prend de sacrés risques à la fin). Alors oui il y a des soucis de rythmes, des scènes qui ne servent à rien (comme une scène de danse inutile), mais « A travers l’orage » m’a touché droit au cœur, tout en m’amusant et puis ce final magnifique, bouleversant.
Faut voir absolument ce film et le revoir aussi.