Sur le chemin des oeuvres de Bergman, A travers le miroir se situe à mi parcours.
Mi parcours chronologique.
Mi parcours en terme d'écriture.
Et il y a peut-être un lien.
Les amoureux du réalisateur retrouveront tout ce qui fait son talent :
- des prises de vue dignes de tableaux (la jetée, le navire échoué...),
- des clairs obscurs qui révèlent autant qu'ils masquent, comme pour mieux suggérer les parts d'ombre et de lumière que chacun d'entre nous possède,
- des thèmes qui sont le fil rouge de ses films : la famille et le couple, la maladie mentale (ici la schizophrénie) et bien sûr une approche de Dieu et du métaphysique.
Pour autant, à défaut d'être une oeuvre de jeunesse (Ingmar a 43 ans lors de la réalisation et a surtout déjà réalisé le Septième sceau ou Les fraises sauvages), A travers le miroir ne possède pas la puissance de ses glorieux prédécesseurs.
- La faute à une réalisation pléthorique ? A une vie amoureuse sans cesse renouvelée (il en est déjà à son 3ème mariage !)
- Ou est-ce dû à un manque d'inspiration ? Ou un abus de facilité ?
Qu'importe...
Si la prestation de l'actrice Harriet Andersson est convaincante, les thèmes sont plus effleurés que d'habitude.
En particulier, les liens familiaux ou ceux du couple ne possèdent pas la puissance des Fraises sauvages proposés 4 ans avant.
- Peut-être parce que les dialogues ouvrent explicitement les sujets de désaccord au lieu de les suggérer / de s'y référer.
- Les réflexions métaphysiques sont un peu absconses et précipitées : le mélange de la figure du père et de Dieu me semble un peu facile.
- Et il faudra attendre 1966 et Persona pour que Bergman magnifie les troubles de l'esprit. Et la descente aux enfers qui peut arriver quand on se fait soi-même happé par la folie d'autrui (c'est ce qui arrive au jeune frère).
Bref un film de transition qui n'aura pas marqué l'histoire du cinéma comme Bergman a su si souvent le faire.
Mais un excellent film tout de fait pour les fans du réalisateur.