Terriblement lucide et pertinent, Krigen expose avec brio la complexité morale d’un conflit armé. En retraçant le parcours d’un commandant de compagnie danois engagé en Afghanistan et forcé de prendre une décision instinctive sur le champ de bataille, le troisième film Tobias Lindholm (réalisateur du très réputé Kapringen, traduit A Hijacking) se penche sur la face juridique de la guerre. Parce que le bombardement qu’il a demandé à l’aveugle pour sauver ses hommes lors d’une attaque menée par des Talibans a causé une dizaine de pertes civiles, le commandant Claus Michael Pedersen est arrêté et poursuivi par son propre pays pour crime de guerre.
Se contrefichant du politiquement correct, le film de Lindholm place le spectateur face à des dilemmes particulièrement inconfortables. En effet, Krigen n’hésite pas à mettre en lumière l’ambigüité politique de la logique droit-de-l’hommiste qui va jusqu’à condamner un de ses propres commandants qui tentait de sauver ses soldats. De là à dire que le zèle de morale sape la camaraderie et s’apparente ici à de la trahison, il n’y a qu’un pas que nous serions tentés de franchir.
Parce qu’il assume la dureté de son sujet et évite tout manichéisme idiot, Krigen s’impose aisément comme le complément essentiel à American Sniper, l’autre excellent film de guerre de l’année, tout en parvenant à surpasser l’œuvre de Clint Eastwood dans la description des relations familiales d’un soldat.
Critique à lire en intégralité sur https://filmexposure.ch/2016/01/10/au-dela-des-evidences-2015/