Mortel système
Visiblement, la cinéaste coréenne July Jung, qui a la réputation d'être une perfectionniste, aime prendre son temps. Son premier et jusqu'alors seul long-métrage, A Girl at my Door, datait en effet...
le 7 oct. 2022
31 j'aime
Découverte de cette nouvelle production venant tout droit du pays du matin calme qui arrive encore une fois à mettre en lumière tout le dysfonctionnement d'une société déshumanisante au bord de l'explosion.
Kim Sohee est une lycéenne au caractère bien trempé. Pour son stage de fin d’étude, elle intègre un centre d’appel de Korea Telecom. En quelques mois, son moral décline sous le poids de conditions de travail dégradantes et d’objectifs de plus en plus difficiles à tenir.
Une suite d’événements suspects survenus au sein de l’entreprise éveille l’attention des autorités locales. En charge de l’enquête, l’inspectrice Yoo-jin est profondément ébranlée par ce qu’elle découvre. Seule, elle remet en cause le système.
Loin de brosser une image idyllique que de nombreux médias et personnes peuvent lui donner, le cinéma coréen s'interroge ici sur son fonctionnement, s'interroge sur le sort qu'est réservé à cette jeunesse dans un monde ultra capitaliste, consumériste où l'individu est déshumanisé, réduit au simple étant de données statistiques ou tout au mieux à un sale gosse ingrat et paresseux. Cette vision ressemblant énormément à celle dans les civilisations occidentales est ici d'autant plus renforcée par la très fort hiérarchisation coréenne au sein de la population coréen, fonctionnant énormément sur l'âge.
Ainsi, la jeunesse n'est là représenté comme de la chair à canon, interdite de penser, d'avoir des opinions, des sentiments ou des envies juste bonne à obéir sans tenir compte de leur état émotionnel ou de leur propre désir. Par bien des aspects, le film arrive à retranscrire cette détresse qui traverse les coréens à cause d'une oppression systémique allant jusqu'au plus haute sphère du pouvoir plaçant le travail au centre de tout avec un contrôle social empêchant et punissant toute divergence ou créativité.
Le thème du film est profond, puissant et particulièrement nécessaire par les temps qui court et devrait être montré à quelques uns véhéments si vous voulez mon avis. L'histoire en elle-même est divisée en deux parties distinctes et si elles sont nécessaires à la compréhension du propos, je ne peux m'empêcher de me dire que chacune aurait été tout aussi efficace en rabotant le métrage d'une petite vingtaine de minutes facilement, d'autant plus que le rythme de narration est particulièrement lent mais compréhensible au vu du propos.
L'interprétation du casting est satisfaisante sans qu'il y ait de gros moments marquants, tout étant souvent très intériorise et dans le contrôle des émotions. Bae Doo-Na commence vraiment à avoir une reconnaissance internationale et apparait dans pas mal de production rencontrant un succès au moins d'estime, c'est cool.
Au niveau mise en scène, c'est très épurée et minimalisme, se voulant sans fioriture et autres effets de réalisation que certains auraient voulus faire afin de montrer leurs savoir-faire. Cette volonté de coller au réel est retranscrite que ce soit dans le montage visuelle et sonore, la composition des cadres, le cadrage ou encore avec la photographie et sa colorimétrie. Le fond collant à la forme et vice-versa.
Au final, c'est une belle découverte avec un message de fond essentiel par les temps qui courent mais qui est selon moi desservi par un problème de rythme de narration et une histoire qui aurait pu mieux être articulée même s'il n'y a pas grand chose à redire concernant les personnes ou leurs interprétations par le casting. Je ne me suis pas ennuyé et cela reste un message intéressant qui a eu une petite résonnance en moi grâce une connaissance plus ou moins importante du milieu représenté.
A découvrir!
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films que je dois voir, Films vus en 2023 et Films vus au cinema en 2023
Créée
le 26 avr. 2023
Critique lue 41 fois
2 j'aime
D'autres avis sur About Kim Sohee
Visiblement, la cinéaste coréenne July Jung, qui a la réputation d'être une perfectionniste, aime prendre son temps. Son premier et jusqu'alors seul long-métrage, A Girl at my Door, datait en effet...
le 7 oct. 2022
31 j'aime
D'abord un drame, puis un thriller d'investigation à part entière, rempli de lanceurs d'alerte, de témoins inutiles et, fidèle à ce genre, une détective fatiguée (bien sûr, en conflit avec sa...
Par
le 5 avr. 2023
17 j'aime
D'un côté des hommes d'affaires qui mènent leur entreprise pour le mieux et qui sont par obligation professionnelle coupés du monde et qui ne cherchent pas à le comprendre.De l'autre de simples...
Par
le 19 mai 2023
8 j'aime
1
Du même critique
150eme film de l'année 2021 et découverte de cet énième saga qui a décidé de renaitre de ces cendres, le retour malgré une certaine envie est bien compliquée. Dix-huit ans après les événements de...
Par
le 21 déc. 2021
40 j'aime
28
28eme film de l'année 2021 et après son moyen "La 5eme vague", je découvre la nouvelle œuvre de J Blakeson mêlant comédie, thriller et policier. On suit l'histoire de Marla Grayson, une tutrice...
Par
le 19 févr. 2021
37 j'aime
9
122eme film de l'année et découverte de ce thriller français où quand le cinéma français touche à l'excellence!! On suit l'histoire de Mathieu Vasseur, technicien au BEA, autorité responsable des...
Par
le 24 oct. 2021
35 j'aime
12