Très rares sont les comédies horrifiques qui savent manier et convenablement doser l'humour noir le plus grinçant sans pour autant sacrifier la crédibilité du scénario et la psychologie des personnages. C'est qu'il faut pour cela trouver un savant équilibre et le tenir jusqu'au générique final, ce à quoi parvient étonnamment l'espagnol Caye Casas dans son premier long métrage réalisé en solo, La Mesita del comedor, littéralement La Table basse. Drôle de titre pour un film de genre, me direz-vous, mais il est tout à fait cohérent puisque ledit meuble est à l'origine du terrible cauchemar éveillé dans lequel nous invite sans ambages le cinéaste. Dès la première scène, le couple au cœur du film, accompagné de leur nouveau-né dans sa poussette, est en magasin face à la table au design douteux et à son vendeur ventripotent, usant d'arguments tout aussi douteux. Une discussion tendue entre l'homme, Jésus (David Pareja), désireux d'acquérir la table basse, et sa femme, Maria (Estefanía de los Santos), qui n'en veut surtout pas dans son salon, ouvre les hostilités. Déjà, le ton du film entier est donné et la mise en scène, faite de plans très courts aux multiples angles osés (des choix pas toujours très heureux que ne renieraient pas Jean-Marie Poiré), annonce aussi la couleur. Court, le film a le mérite de ne pas perdre de temps. La scène suivante nous montre Jésus transporter très difficilement le carton contenant la fameuse table dans les escaliers jusqu'à son appartement. Il ignore encore qu'il regrettera amèrement cet achat... Et je ne peux absolument pas vous en dire plus tant ce film s'appuie sur un effroyable évènement, survenant très tôt, qu'il serait idiot de vous dévoiler. Sachez juste que le pire est toujours possible quand nous sommes en présence de l'œuvre féroce d'un catalan provocateur et sans limite, au goût du blasphème prononcé, bien décidé à prendre le spectateur en tenaille...lire la suite de la critique.