L’éco anxiété est évidemment un terreau fertile pour le film d’horreur : autant attendre la fin du monde avec un seau de pop-corn. Voici donc, après la nuée et ses sauterelles, une nouvelle plaie imaginée par Just Philippot, avec, comme son titre l’indique très bien, des pluies acides se déversant sur une France terrassée par la canicule, postulat qui légitime, semble-t-il, l’ouverture des vannes de tous les attendus du film de genre, avec téléphone sans réseau, panne de voiture, mouvements, de foule, porte bloquée et il-m’en-reste-un-peu-je-vous-le-mets-quand-même.
Just Philippot, il faut le reconnaître, n’est pas gaucher lorsqu’il s’agit de filmer l’angoisse et construire une tension, mais la sabote presque systématiquement par des situations convenues au possible, et durant lesquelles le spectateur aura du mal à consentir à de telles suspension de crédibilité, que ce soit dans l’obsession à ressortir en voiture sous la pluie, la caractérisation en parpaings d’une famille recomposée avec papa gauchiste contre beau-père friqué, et une ado qui passera son temps à prendre les décisions diamétralement opposées au bon sens et hurler en conséquence. Le climax du film ne concernera donc pas la manière dont on parvient à échapper à la liquéfaction (pour ça, on vous mettra des petits bunkers au milieu d’une forêt profonde par exemple), mais bien le gigantesque FERME TA GUEULE que Canet, tout aussi geignard que l’ado, finit par hurler à sa progéniture.
Acide était un court métrage, et aurait dû le rester : le a consacré son budget à deux tuyaux d’arrosage, quelques flaques de boues, trois fumigènes et le cachet de sa star bankable pour un périple sans enjeux, déroulant paresseusement toutes les variations de son thème, empesé par des incohérences (on apprendra donc que quelques heures de pluies suffisent à remplir un fleuve d’acide dans toute sa profondeur) qu’on croit compenser par les gueulantes, et, pourquoi pas, une grue agricole histoire de proposer de nouveaux angles de vue. Autant de situation qui mettent personnages, scénariste et metteur en scène dans une impasse, horizon obstrué qu’un gros coup de destop aurait pourtant pu nous déboucher de façon efficace et radicale.