J'avais bon espoir de visionner quelque chose valant sacrément le détour avec Acide. Après tout, le précédent film du réalisateur, Just Philippot, le très bon La Nuée, parvenait à intégrer un élément d'horreur (à savoir des sauterelles carnivores, déchiquetant tout ce qui bouge !) dans un environnement foncièrement réaliste, avec un arrière-fond critique sur un milieu agricole, rendu précaire et mortifère par la magie du capitalisme. Et j'ajoute même que le potentiel horreur est encore plus énorme ici, car autant il est hautement improbable que des sauterelles fassent de nous leur prochain repas, autant, réchauffement climatique oblige, il est malheureusement assez crédible que de grosses pluies, au pH loin d'être neutre, nous tombent en bonne quantité généreuse sur la gueule.
Et l'air de rien, on a ici l'ennemi ultime, celui contre lequel on ne peut pas gagner, qui est partout, qui s'infiltre partout et (ce qui est sa particularité la plus atroce !) dont on a absolument besoin pour vivre, à savoir l'eau. Trouvez-moi un antagoniste avec un potentiel d'anéantissement aussi effroyable et cruel.
La première moitié, avec son atmosphère évidemment apocalyptique, arrivant brutalement, fait le job en créant un chaos et une confusion absolus, notamment à travers un usage habile des plans resserrés. C'est moi, mes proches et personne d'autre. Tous les soucis de quotidien d'avant sont réduits d'un coup à néant. La seule obsession, c'est de survivre. C'est crédible.
Puis débarque une seconde moitié dans laquelle, sans aucune logique, tous les caractères se décident à participer au concours du comportement le plus con et le plus invraisemblable du monde, avec son lot de conflits gratuits et inutiles à deux balles, comme si la flotte brûlante et meurtrière n'était pas suffisante, à elle seule, pour maintenir l'intérêt (ben si, justement, ça suffisait ; il faut savoir faire confiance à son sujet au lieu de balancer de grosses ficelles !). Par exemple, la fille adolescente du protagoniste fait sa crise au moment qui s'y prête le moins. Euh, elle se met à être en mode puéril, là, comme ça, alors qu'ils sont en train de se battre pour survivre ? Je ne parle pas d'une réaction de panique ou quelque chose de ce tonneau face à une situation extraordinaire. Je parle d'une crise d'ado qui aurait eu sa place dans un drame familial conventionnel, mais pas dans une bataille pour ne pas finir en chair cramée. Et, autre exemple, un personnage secondaire reproche à notre père de famille d'avoir eu recours au pillage. Euh, l'estomac bien vide, sans aucun autre moyen de se fournir de la nourriture, je suppose qu'il ne viendrait pas à l'idée, même à la personne avec le plus grand des sens moraux, de dire quoi que ce soit dans ces circonstances.
Ah oui, point de détail assez gênant, il y a des averses d'une acidité foudroyante et pourtant les arbres sont intacts ?
Ouais, bon, Just Philippot est un monsieur avec du talent. Il l'a prouvé. J'espère, en conséquence, qu'il ne sera pas le réalisateur d'une seule réussite...