Acide est un film d'anticipation bien ancré dans notre quotidien français : le héros (Guillaume Canet) est soit un Gilet Jaune, soit un syndiqué de Force Ouvrière des Hauts-de-France. Le bracelet électronique qu'il porte à la cheville indique en tout cas qu'il est assigné à résidence après avoir conduit une mutinerie à l'usine qui l'employait. Dans la foulée, il a tout perdu, à commencer par sa famille qui lui a tourné le dos. Mais cet antihéros en colère garde l'espoir de bientôt retrouver Karine, celle qui l'aime et qui le soutient depuis l'hôpital de Bruxelles où elle est soignée pour maladie grave (enfin je crois). Bref, donc la vie quotidienne, avec en fond sonore des alertes BFM TV (hum) qui diffusent en boucle d'inquiétantes nouvelles venues d'Amérique où la crise climatique prend désormais la forme de pluies acides meurtrières. Bon, tout cela est plutôt téléphoné mais jusque là, je trouve Guillaume Canet hyper crédible dans ce rôle d'ouvrier révolté (dans la mesure où je l'associe à la petite bourgeoisie des Petits Mouchoirs).
Et puis, à l'arrivée des pluies acides (est-ce vraiment là un spoiler), le rythme du film change et la tension s'accélère et je dois dire que jusqu'à la fin du film, j'oublie que l'action se passe entre le Pas-de-Calais et la Belgique et que le héros est le mec des Petits Mouchoirs. L'effet de déréalisation propre à la SF/l'anticipation fonctionne bien, on a basculé dans un monde où une goutte de pluie peut vous tuer, à la manière de la série Netflix The Rain (dont j'avais adoré la S1), où il ne reste aux survivants que la possibilité de fuir ou de se sacrificier.
NEANMOINS j'émets une grande réserve au sujet du personnage de Selma (Patience Muchenbach), la fille de Michal (Guillaume Canet), dont le comportement est si insupportable qu'il déséquilibre tout le film. Alors j'ai deux idées en tête : 1. Selma traverse une crise d'adolescence telle qu'elle est incapable de développer le moindre instinct de survie (crise d'adolescence ? Caprice ? Maladie mentale ? Elle est quand même ultra geignarde, elle n'a tout de même pas cinq ans!) 2. Selma est justement un personnage qui déséquilibre le scénario attendu (inspiré des grands films où Will Smith survit avec son chien, son fils, etc...). Selma refuse de jouer le jeu et emmène le film et la parabole familiale survivaliste ailleurs. Si c'est le cas, bien joué. Mais tout de même, j'ai ressenti un profond désir de la cogner pendant tout le film.