Commencer la séance avec un sourire de surprise et terminer avec une poker face un peu dégoutée, c'est la vie que j'ai décidé de mener en allant voir Acide de Just Philipot.
C'est pourquoi je commencerais cette critique par les points positifs, afin de vous procurer cette descente aux enfers que j'ai subit.
Film de survie français, ce qui peut être avoué, n'est pas notre genre de prédilection, Acide, à de la gueule.
De la photo bleu foncée monochromatique, aux effets visuels (VFX) en passant par les décors dévastés, l'image du film est réussie. On retrouve des personnages avec des cadres suffocants et des paysages en plans si larges qu'ils en donnent presque le tournis, mais aussi quelques scènes qui empruntent un peu au cinéma du Body Horror. On comprend les enjeux scénaristiques, la pluie devenant très rapidement une source d'angoisse, le moindre petit nuage par ailleurs magnifiques, étant annonciateur d'une violence sans nom.
Plus que ça, la cause écologique bien ancrée dans notre actualité trouve son écho, rappel à l'ordre du côté primordial de l'eau mais certainement de la pluie.
Et la, arrive la catastrophe, si je puis me permettre...
Le film peut se résumer sur une phrase très courte : moins y'a de monde à l'écran mieux on se porte.
Entre un acting plat avec des personnages disposant d'une seule émotion, des relations qui n'évoluent peu ou pas et qui facilitent le récit pour l'obtention de bonne image ou alors un anti climax, le film à tout pour décevoir.
Très vite l'on déteste cette famille à laquelle on ne portera aucune charge émotionnelle, aucune attache, dès lors les drames ne nous atteignent pas, pire ils agacent de stupidité. Le sentiment de déjà vu de drame social français nous empêche de se confondre dans la nouveauté, comme si ce n'était plus un film de catastrophe naturelle mais bien celui d'une énième famille recomposée au père un peu bourru (belle année pour notre guillaume, que de fameux rôle), à l'adolescente en crise et à la mère effacée.
Même vous en lisant cela, je suis sûr que vous y reconnaitrez un ou deux personnages de ce cinéma français que l'on connait bien.
L'écriture n'arrêtera pas ses lacunes ici, chaque conversation devient un supplice, la fin est d'une vacuité sans nom et les incohérences sont dans chaque recoins. SI la pluie fait fondre les voitures, elle à bien du mal à passer les dernières chaussures de randonnées de nos personnages lorsque ceux ci marchent dans une flaque.
"Mais Sam, si tu n'aimes ces gens concentre toi sur la nature qui les entoure" me direz vous.
J'aurais bien aimé, mais tout le film se casse la gueule avec son récit. L'image si pesante devient lourde et ennuyante, la cause écologique et sociale s'est effacée. Plus de riche contre pauvre, plus de dérèglement climatique, plus de famille dysfonctionnel intéressante, juste une fuite de fin du monde beaucoup trop plate.
Bref l'idée m'avait convaincue, les propos m'ont séduis mais la réalisation m'a brisée le coeur.
Enfin bon, ça pique mon temps.