Après avoir surpris son public avec la Nuée, Just Philippot revient sur le devant de la scène avec ce film mettant en scène une menace qui touche beaucoup plus de monde que les sauterelles : La pluie.
La pluie comme potentiel source de problèmes pour les humains avait été déjà évoqué dans la série danoise The Rain. Mais alors que la série, la pluie est porteuse d’un virus qui tue, ici la pluie qui est devenue acide, est la cause du dérèglement climatique et des gaz à effets de serre. Ce film est inspiré du propre court-métrage du réalisateur du même nom datant de novembre 2018 et qui avait fait son petit effet.
Librement inspiré de ce court-métrage, le film raconte l’histoire d’une famille séparé dont le père est un syndicaliste qui vient de prendre une peine , après avoir séquestré et battu son patron. Suite a son jugement, il est remis en liberté avec pour obligation de porter un bracelet électronique. Sa fille n’arrive plus a se décider entre des deux parents. Jusqu’au moment où des pluies acides arrivent et viennent rebattre les cartes.
La premiers chose que l’on peut dire sur ce film, c’est qu’il est incroyablement crasseux, avec une ambiance anxieuse, proche de l’apocalypse où tout semble mort dans la flore comme les moyens de transports. Les gens savent depuis un moment que le phénomène existe , mais personne n’est préparé a ce que cela puisse arriver chez eux. La situation est même décrite comme une exagération de la part médias.
Et quand un moment comme cela arrive , on ne pense qu’a une chose : survivre. Survivre. Survivre car c’est la seule chose qui nous importe dans de tels moments. Rien n’est plus urgent. Il n’y a aucune issue, aucune solution à l’instant, c’est fatal ,inéluctable. On ne sait rien faire d’autre, a part être avec ces proches pour vivre le dernier instant ensemble, pour ne pas mourir seul. Il n’y aurait donc pas de fin joyeuse. Sauf peut-être dans certains films catastrophes américains où les cinéastes cherchent absolument à ce que le spectateur ressorte de salles avec un espoir pour ces personnages qu’ils ont suivi pendant presque deux heures. Pas dans le film de Just Philippot.
De bout en bout, le film nous met les nerfs a vif, le spectateur cherchant a savoir quand le cauchemar va s’arrêter. C’est d’ailleurs simple, le film m’a rappelle la série The Walking Dead pour son coté cataclysmique et La Guerre Des Mondes de Steven Spielberg, où l’instinct et la peur primaire des hommes surpasse tout dans un seul but : Rester en vie. Pour interpréter mes propos sur le film de Spielberg, je vous recommande l’analyse faite par La Séance De Marty qui démontre de façon exceptionnelle, le paroxysme d’une situation hors de contrôle, et surtout comment filmer la situation.
Just Philippot ne ménage pas son spectateur. Le sentiment de peur est bien présent. Comment se protéger d’un élément qui s’immisce partout et qui plus est mortel. Cet élément qui est pourtant source de vie en temps ordinaire devient ici le pire ennemie que nous puissions imaginer puisque l’eau est partout. Comment ne pas lever les yeux et scruter au loin si nous ne voyions pas la menace d’un nuage gris, le bruit sourd et lointain du tonnerre annonçant des orages, qui étant petit nous faisaient si peur.
Cette pluie acide va non seulement nous terroriser de par sa dangerosité, mais aussi déconstruire nos certitudes sur ce qui peut nous garder en vie, nous mettre en sécurité à commencer par les voitures qui fondent tel du plastique , la rouille qui en découle et qui devient à son tour dangereuse . Tout comme les ponts faits d’acier et qui semblent devenir des châteaux de cartes, bien fragiles devant cet élément devenu ennemi public numéro 1. Et enfin l’eau des ruisseaux et rivières qui ne sont plus source de rafraichissement mais inspirent la méfiance. Si par malheur vous vous y risquez, s’en est finit pour vous car la pluie acide est dense rien ne vous sera épargné. Just Philippot vous montre de façon cru ce qu’il en devient de votre peau à ce moment là et nous rapproche de la vision d’horreur des visages des zombies de la série américaine cité plu haut.
Si techniquement le film est très réussi pour un budget de 3 millions d’euros, il n’est pas parfait. L’ambiance anxiogène des images de désolation font de l’ombre aux personnages angoissés qui manquent de nuances dans leur jeu. Ici, pas d’évolution importante dans les personnages à la fin du film et ils semblent froid. Tout comme l’ambiance, c’est gris,terne . Si le personnage de Guillaume Canet semble conscient de ses actes violents , cela ne lui sert pas vraiment pour qu’il puisse rassembler sa famille et se serrer les coudes. Tout ce qu’il réalise est dans le but de sauver sa fille, sauver les siens. Une façon de racheter son lourd passé, mais sans que le film puisse offrir une lueur d’espoir.
Ne pensez pas que le film vous laissera indemne. Ce film n’est pas film issu du monde D’Hollywood. Le film de Philippot n’est pas là pour vous brosser dans le sens du poil ni montrer de solutions miracles au phénomène. Il est là pour pointer du doigt les conséquence d’un phénomène qui pourrait s’accentuer si rien n’est fait dans les vingts prochaines années. Car si le film nous expose le sujet des pluies acides de façon exagéré, ces pluies existent déjà dans le monde, tuant a petit feu la faune et flore.