Au début des années 40, les studios japonais devaient se plier à des consignes très strictes : tourner des films gais et ne parler en aucune façon de la guerre. Naruse tourne donc une comédie qui semble quelque peu éloignée de son style habituel. C'est oublier un peu vite qu'il en a déjà tourné dans la décennie précédente et que le genre lui sied plutôt. Le film se focalise sur deux acteurs dont le rôle, dans une pantomime jouée dans les villages (une parodie de kabuki), est d'endosser le costume d'un cheval, le public ne voyant que leurs pieds. L'intrigue est toute simple et n'est pas tordante de rire, nonobstant l'extrême importance que se donnent ces deux comédiens qui ont la conviction d'exercer pleinement leur art (surtout celui qui fait bouger les pattes antérieures) et qui en profitent pour emballer les serveuses de bar qui s'ennuient. Cette oeuvre plaisante, qui se donne des airs de fable, permet au passage de découvrir le Japon rural et le quotidien d'une troupe d'acteurs pas très reluisante.