Il faut bien une vingtaine de minutes pour assimiler en intégralité de quoi il retourne vraiment dans « Acusada ». Le film se dévoile lentement à tel point qu’au début on est un peu perdu tout étant captivé tout de même. Ce n’est donc pas foncièrement désagréable car certaines œuvres mettent parfois beaucoup de temps à se révéler au spectateur, complètement ou en partie, ou même ne se révèlent jamais comme certains films de David Lynch ou encore l’inoubliable « Donnie Darko ». Et cela n’empêche aucunement de les apprécier. Mais c’est plus étonnant dans un long-métrage comme celui-ci qui s’annonce comme un thriller judiciaire avec la base classique de beaucoup de films à suspense : en l’occurrence la culpabilité ou pas d’un personnage. Et ici, petite originalité encore, c’est celle du personnage principal qui est au centre du film. Au début, on a même l’impression que ça tourne autour du pot pour ne rien raconter mais le montage et le scénario sont habiles et cela on le découvre par la suite.
L’ambiguïté est au centre de « Acusada » est c’est plutôt plaisant puisqu’on n’a jamais aucune certitude dans cette affaire jusqu’à la toute dernière minute. On n’est même pas entièrement sûrs de la culpabilité ou de l’innocence de l’héroïne sur la fin. Le prisme choisi par les scénaristes et le metteur en scène pour ce long-métrage argentin est donc plutôt sympa et inédit, il sort des sentiers battus. Et si ça peut déstabiliser, ce choix devient plus probant et efficace à mesure que l’histoire progresse. On est vraiment pris dans l’histoire, c’est habile et le spectateur veut vraiment savoir ce qui s’est passé et ce qui se trame dans la tête de l’héroïne. Un personnage ambigu, encore, que la comédienne Lali Esposito semble incarner de manière trop mutique et mono-expressive de prime abord. Mais son jeu finit par se densifier en même temps que l’intrigue et que les scènes remettant en cause sa culpabilité s’enchaînent. Au final, le coupable du meurtre importe peu ici, c’est l’impact de l’accusation sur la vie de cette jeune fille qui tient le haut du pavé.
En quelque sorte, nous sommes face à une œuvre hybride et plutôt difficile à faire entrer dans une case, ce qui est plutôt une qualité. Entre le thriller, le drame psychologique et le suspense judiciaire, Gonzalo Tobal ne choisit pas à raison et nous tient en haleine durant près de deux heures. Sa mise en scène glacée tout à fait adaptée et la bande son participent à la réussite d’un film qui laisse planer constamment le doute. Il y a certes un ventre mou au milieu du long-métrage et on peut trouver ça parfois un peu alambiqué pour rien, donc maniéré. Néanmoins « Acusada » est un suspense à l’américaine à l’ADN profondément argentin original et efficace à défaut d’être inoubliable.
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