Fade Astra
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J’éprouve de grandes difficultés à juger Ad Astra, et lire différentes critiques ne m’a pas aidée car je l’ai aimé autant que je l’ai détesté. Ce qui est sur c’est que James Gray s’applique toujours autant à mettre en œuvre sa vision, soucieux à la fois dans la mise en avant de l’intériorité de son personnage, dans l’authenticité dans décors et costumes et dans l’équilibre des hommages faits aux films spatiaux. Mais si j’ai été emportée par les 2 premiers tiers du film la fin m’a déçue et gâche ainsi le film. Ou pas ? Telle est la question.
James Gray m’avait déjà fascinée par la quête obsessionnelle de Lost city of Z, et reprend avec Ad Astra également ce thème, propice à l’introspection, quoi que traité différemment. De son son propre aveu le film se veut à la croisée d’Apocalypse Now et 2001 : L’odyssée de l’espace, soit la poursuite jusqu’à la folie du questionnement de la place de l’homme dans l’univers. Son personnage Roy McBride est parfait pour ça : bon soldat qui compartimente sa vie, il se concentre sur sa mission plutôt que sur les personnes et événements l’entourant. Il discute peu, sauf avec l’engin qui l’évalue en permanence. Mais sa mission initiale entraîne de nombreux sacrifices et va muer en questionnement sur la solitude et sur son identité.
Les deux premiers tiers du film m’ont fasciné tant sur le point technique — le film est beau, la musique colle parfaitement et les choix de caméras sont sobres et sensés — que sur l’esprit de la quête et cette réflexion. On est d’autant plus fasciné que le récit est renforcé par de nombreuses références, certaines subtiles, autres non, à pléthore de films sur l’espace, que ce soit bien évidemment 2001, Total Recall (l’aménagement de Mars), Moon, Solaris, etc. — il y en a encore plein d’autres, je ne les ai pas toutes vues. On ressent également dans la manière de filmer les scènes d’actions à quel point Roy McBride s’en exclut, comme un témoin passif et éphémère, uniment concentré sur l’essentiel. Technique qui s’avère par moment frustrante car on aimerait en savoir plus sur la conquête spatiale.
Et dans le dernier tiers, tout s’effondre. Il faut attendre un dernier voyage de 80 jours en solo pour découvrir que la clef du bonheur n’est pas la solitude mais le partage avec un autre être. Et par la suite, à la découverte pourtant majeure mais minorée par James Gray — les humains seraient la seule espèce intelligente de l’univers — la quête de McBride se résume à « mais si nous sommes seuls, pourquoi ne m’as tu jamais aimé papa ? Et pourquoi je n’aime pas assez ma femme ? ».
Alors que nous faisions déjà face à un film assez peu original dans sa narration, car on y retrouve vraiment un schéma battu et rebattu des quêtes spatiales avec un héros typiquement américain — torturé et en quête d’absolution, Ad Astra tirait son épingle du jeu par son traitement contemplatif et humain (loin de l’épopée grand spectacle d’Interstellar). Mais le film prend une direction convenue et maladroite, voire franchement gnangnan difficile à regarder. C’est également là qu’il perd également en crédibilité : Brad Pitt fendant les anneaux de Neptune avec un bouclier improvisé car il n’a pas pensé à garer son vaisseau en dessous…
Ad Astra m’embête donc car je l’ai trouvé à la fois fascinant et bourré de défaut. J’ai trouvé Brad Pitt excellent et en même temps sa voix-off omniprésente était souvent superflue et pénible. Et j’en veux à James Gray de livrer ce film pour moi en dessous de Lost city of Z. Et en même temps je le remercie, car je veux continuer à voir ce type de film, imparfaits mais beaux, et surtout qui démontre un réel amour pour le cinéma.
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Créée
le 26 sept. 2019
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