L'Homme à la recherche de sa propre destinée

Le voyage spatial est encore une idée fraîche dans notre civilisation. Beaucoup de films à commencer par 2001, l'Odyssée de l'espace en 68, ont déjà abordé le thème de l'évolution de l'humanité et de l'homme face l'immensité et l'inconnu du vide spatial. Et notre espèce a encore beaucoup à apprendre sur l'univers, et les films leur restent encore beaucoup d'histoires à nous raconter.


Ainsi Ad Astra dernier du genre à ce jour, est pleinement marqué par tous les films sur l'espace qui l'ont précédé. 2001 donc, mais aussi : Alien, Star Wars, Gravity, interstellar, Solaris pour les plus importants. Ad Astra puise dans ces références pour se forger, mais tout en proposant de nouvelles idées visuelles et sonores, pour faire la transition.

Déjà le son. Finis les piou-piou dans l'espace ou les bruits de moteur. Puisque le film veut parler d'un problème possiblement réel, à des personnes réel, qui sont les spectateurs du 21ème siècle.


Il fait donc le choix évident du réalisme en se plaçant parfaitement au milieu de la réalité, (pas de son dans l'espace) tout en maintenant des conséquences sonores en rythme avec l'action de la scène, afin de conserver l'impacte graphique spectaculaire aux oreilles du spectateur.
Pour dire quelques mots sur la BO, rien de bien nouveau à mon sens, c'est d'une inspiration 2001 mais modernisé, toujours avec des notes bien longue pour garder une tension, ajouté à ça une couche de mystère et de danger. C'est tout ce qu'on attend d'une BO sur l'espace.

Pour ses idées visuelles, elle ne réinvente rien de plus, faut-dire que comme un western, l'espace se filme de manière universelle, il n'y a pas mille façons de le filmer. Les idées visuelles sont là pour mieux marquer l'importance du récit... D’ailleurs faisons transition vers ce dernier.

Son point fort est donc l'histoire, pas forcement l'idée générale qui pousse le héros à sa quête, mais plutôt là où sa quête va l’emmener. C'est-à-dire le voyage d'un homme seul, aux confins du système solaire. Cela devient vite "Seul au monde" dans l'espace, sans vouloir l'enfermer à ça. Il y a alors une émotion particulière qui se dégage en observant cet homme agir seul, faisant des sorties extravéhiculaire, au risque de sa vie, sans que personne à des milliards de kilomètres, ne puissent lui venir en aide. C'est une émotion qui est propre à l'espace, on ne peut pas faire plus énorme que l'espace, et plus seul qu'un homme dans l'espace. Tout cela pour retrouver son père, et le ramener à la maison.
D'ailleurs son père est lié à une réflexion qui s'imprime parfaitement à notre époque.
Et que Elon Musk ne doit pas vraiment apprécier...

[ À partir d'ici je dévoile la morale de l’intrigue ]

Dans ce film, l'homme à conquit l'espace (de manière réaliste, c'est pas Futurama ^_^), la Lune, puis Mars, ils y sont parvenus. C'est évident un exploit. Et nous allons à la rencontre de colonies humaines, dans lequel des êtres humains, n'ont jamais vue la planète terre. Des humains qui respire depuis toujours un air "artificiel", des humains qui n'ont jamais couru dans l'herbe, ou nagé dans l'océan. (C'est quand même une chose qui pourrait arriver. Imaginer alors une telle personne qui à 20ans découvre la terre, ses qualités et ses défauts. Imaginer sa réaction.)
Et sur cette planète et ce satellite, l'homme est toujours celui que l'on connaît, avide de richesse, vouloir toujours plus, il voit dans ces sphères, qu'un nouveau moyen d’affirmer sa supériorité, et de combler ses désirs cupides de pouvoir. Car l'homme c'est l'homme, il vie en lui toutes les meilleures et les pires choses.

Le film amène encore une autre vision pessimiste de la conquête spatiale. Celle de la recherche de la moindre petite vie. Cette quête est illustrée par son père, qui va passer une importante partie de son existence à chercher la vie, avant de faire face à la réalité, que nous sommes seuls...

Avec cette histoire, le film s'engage plus loin qu'un simple film sur l'espace. Il aborde une thématique moderne, qui gâche un peu la fête du rêve spatial, mais qui recentre le regarde de l'homme vers la terre, vers lui-même. La vie que nous recherchons est autour de nous. La vie que recherchait son père, c'était son fils, en se retrouvant dans une navette à 4,5 milliard de kilomètres de la terre, et sa mission semble finalement réussie. Cette moral un peu écolo et engagé, ce n'est pas très apprécié de tous. Mais pourtant c'est la réalité. La vie est entre nos mains et nous la détruisons.

Nous investissons des milliards dans la conquête spatiale dans un objectif débattable. Alors que ces milliards pourraient servir sur terre ou autour de notre planète, mais peut-être pas au-delà ? Même si il faut reconnaître que la conquête spatiale nous a apporté une avancée technologique énorme et a changé notre mode de vie, simplement "internet". Cette conquête n'est finalement qu'un prétexte pour atteindre des sommets, sans quoi l'homme n'aurait rien inventer, s'il n'avait rien d'autre comme objectif que ce qu'il y a, au bout de son nez.

L'homme a besoin d'objectif extraordinaire pour réaliser ce qui deviendra ordinaire. Alors Elon Musk peut se rassurer et emmener l'homme sur Mars, sans oublier que la vie restera sur terre, et qu'on doit jamais la quitter du regard.

Raphael-Ehgner
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le 30 sept. 2022

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