On aurait presque envie de hurler: « Mais pourquoi ?! ». Car voilà un thriller d’action mâtiné de drame made in France extrêmement bien foutu et captivant. Mais ce qui l’empêche d’être excellent c’est bien une grosse invraisemblance qui parcourt tout le film et une toute fin où l’envie de rivaliser avec les productions du genre américaines avec scènes spectaculaires en forme de bouquet final lui enlève une bonne partie de la crédibilité et de l’efficience qu’on lui avait octroyé. En ce qui concerne la première, c’est de voir une femme enceinte jusqu’aux dents se battre avec plusieurs hommes forts sans sourciller, se faire enlever, séquestrer, violenter et poursuivie sans qu’elle et son bébé à naître soient inquiétés et la seconde, qu’on taira pour laisser la surprise, est de clore le film après plusieurs séquences d’action bien faites vers un délire qui frôle parodie et sombre dans le ridicule. Mais comme cela ne prend que quelques minutes du film, on aura la tolérance de passer outre et de se focaliser sur la qualité du reste.
En effet, « Ad Vitam » commence fort et nous immerge directement dans une intrigue mystérieuse et palpitante avec un prologue de haute volée. Puis, le script bifurque vers un énorme flashback qui fait la moitié du film, faisant passer le prologue pour un flashforward, plus apaisé et qui nourrit les personnages et l’histoire avec brio. C’est une narration osée mais originale et qui fait sens. Durant celui-ci, on plonge dans les arcanes du GIGN avec réalisme et beaucoup d’humanité. D’un côté, on voit comment sont préparés ces soldats de l’extrême dans le cadre de leurs opérations et de l’autre on est face à leur vie familiale. D’ailleurs ces moments de la vie de tous les jours seraient presque aussi bons et intéressants que le reste tellement ils font vrais et naturels. Et c’est probablement grâce à un casting d’excellents acteurs que cela fonctionne. D’un Guillaume Canet très crédible à des seconds rôles vraiment bien campés et à qui on laisse de la place pour exister, c’est un sans-faute, beau et émouvant. On pense notamment au couple formé par les excellents Alexis Manenti et Zita Hanrot bien secondé par la nouvelle star de l’action français Nassim Lyes.
« Ad Vitam » laisse donc la plupart de l’action se concentrer sur le dernier tiers. Et, de la même manière, elle est plutôt réussie et n’a rien à envier aux films de Florent Emilio-Siri comme « Elyas » ou Xavier Gens avec l’immense « Farang » (déjà avec Nassim Lyes). Pour une production Netflix, on peut dire que c’est vraiment une bonne surprise. La réalisation est énergique et prend le temps de faire exister aussi bien ses personnages que ses combats, ses scènes de courses-poursuite et ses fusillades. En outre, l’intrigue est relativement basique mais assez retorse pour nous captiver et prendre de l’ampleur grâce à ses développements politiques. Il faudra donc juste, pour pleinement apprécier le film à sa juste valeur, faire l’impasse sur ses relents hollywoodiens de fin de parcours qui prennent le même parti que le tout aussi bon « La Nuit se traîne », qui se gâchait également avec son épilogue cherchant le spectaculaire à tout prix au détriment du réalisme.
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