Privé de sortie en salle faute d'avoir trouvé un distributeur, "Adagio" confirme la difficulté à laquelle se heurte Sollima fils pour imposer un univers cinématographique qu'il peine à renouveler, et nous laisse d'autant plus de regrets qu'il nous donne également à voir avec parcimonie l'étendue du talent de cinéaste du bonhomme.
Les premières minutes frénétiques s'annoncent sous les meilleurs auspices, découvrant Manuel jeune romain survolté, infiltré dans le milieu interlope des nuits romaines et contraint par d'inquiétants commanditaires (que l'on découvrira flics) de prendre des photos d'un notable, puis fuyard lorsqu'il abandonne sa mission pour se réfugier chez des amis de son père, anciens mafieux (pardon gangsters puisqu'il n'y a pas de mafia à Rome) à qui il va demander l'asile.
Deux camps deux clans de redoutables vétérans prêts à s'affronter, un quidam (apeuré) au milieu, "Adagio" rappelle furtivement Léone et sa "poignée de dollars", mais un Léone revu et corrigé dans une Rome probablement périphérique, cernée par les incendies, dont les bas quartiers évoquent le Naples crasseux de Gomorra, hébergeant là aussi des mafieux de bas étages désormais vieillards qui n'ont plus à offrir que leur instinct animal, trimbalant leur inélégance masculine en boxer ou même en slip !
Comme à son habitude Sollima démythifie la mafia usant de ses artefacts habituels, tout en éprouvant manifestement une grande fascination pour ce monde sans femme répondant à un code d'honneur dépassé. Mais, l'évocation de cet univers est ici accompagnée d'une lenteur inhabituelle, faisant écho probablement à l'âge de ses personnages et abandonnant la furie qui incarnait ses œuvres anciennes pour avancer vers une intrigue plus développée certes, mais plus attendue également.
Bref, de films en série, l'univers du bonhomme se referme inlassablement sur lui-même, ce qui est regrettable car Adagio est ponctuellement émaillé de scènes mémorables : une coupure de courant dans un appartement dont l'obscurité est déchirée par les seuls éclairs des coups de feu ou une scène finale somptueuse, haletante, dans la gare de Tiburtina aux accents De Palmesque ou Eisensteinnien. Chacune mettant en lumière des acteurs transformés et remarquables.
le gamin a manifestmeent peu et s'enfuit poursuivi pars ses mystérieus commanditaires dans un monde nocture interlope qui semble ne pas être le sien.