À quoi assiste-t-on ? Qui est qui ? Où est le blanc ? Où est le noir ? Le gris alors ? Dans le flou. Livré à lui-même. C'est dans cet état que Stefano Sollima entend mettre son spectateur. Tout grand manipulateur que soit le metteur en scène par définition, le réalisateur italien n'a pourtant aucune intention de se jouer de son public. Tout est là, à ceci près que rien n'est explicite. Par conséquent, résumer Adagio est périlleux car l'expérience prime sur tout le reste. Tout ce qu'il faut savoir, c'est que le film n'est pas bourrin comme on pouvait l'imaginer d'après sa bande-annonce. Regardez le titre, tout est là encore une fois. De la première image au dernier plan, Sollima rappelle continuellement le sujet. Une ville qui suffoque, l'incendie à priori inarrêtable, encerclant tous les personnages. Un long chemin vers l'inéluctable ou un baroud d'honneur pour un je-ne-sais-quoi. Le cinéaste va jusqu'à ce niveau d'abstraction. L'exercice présente certaines limites, sa longueur notamment. On s'attend à ce que les choses s'accélèrent, on aimerait qu'un rebondissement précipitent le chaos. Mais Adagio se tient à ce rythme, ça fait partie de son sujet. Et cela même si certaines scènes sont brutales. Il y a cependant de quoi rester admiratif devant la capacité de Sollima à toujours rester à distance raisonnable de ces êtres esquintés, meurtris ou au pied du mur. Aucun ne se verra privé d'âme, au spectateur de juger qui mériterait s'en sortir. Quoiqu'il en soit, il faudra sans doute un peu de temps pour digérer tout ça.