Adaline
6.3
Adaline

Film DTV (direct-to-video) de Lee Toland Krieger (2015)

Tout est bien qui vieillit bien... !

Quelle bonne surprise que ce film duquel je n'attendais pas grand-chose !


Beaucoup de choses à dire, donc, sur ce film à la thématique dense et autour de laquelle il n'y a pas finalement tant de films que ça. Ici, vous aurez droit à de la musique country bien chaleureuse, groovy et pétillante, parmi un florilège de très bons autres choix musicaux menés par le réalisateur de talent Lee Toland Krieger.


Parlons des jeux d'acteurs : ils sont bons, voir très bons. Quel plaisir de voir Harrison Ford à l'écran, au naturel, dans un rôle secondaire de père de famille ! Je trouve que ça apporte un sacré cachet à ce film sans prétention, même si on le découvre assez tard dans le film.


Car c'est bien Blake Lively, rôle principal du film, qui dans ce long-métrage tire la couverture à elle, et tant mieux car ça lui va bien ! Mention spéciale pour cette femme-caméléon, aussi bien capable de jouer dans Green Lantern que dans un film sentimental et atypique comme celui-ci.
Notons qu'elle est aussi mannequin, qualité indéniable qui lui confère une certaine prestance et une connaissance culturelle pointue de son sujet en tant qu'actrice.


J'ai beaucoup aimé la complicité que celle-ci développe avec celui qui l'accompagnera le reste du film, notamment la scène exquise de l'ascenseur, et ce qui s'ensuit...
A tel point que certaines scènes (à l'image de celle où Adaline donne rendez-vous à Ellis dans l'entrepôt de voitures et de projection) me rappellent le fameux duo Kate Winslet / Leonardo Dicaprio dans Titanic !


Question scénario, ce film montre de façon réaliste une situation surréaliste : une femme qui ne vieillit plus, et qui change d'identité comme de chemise. Une femme qui se pose des questions sur le sens qu'elle donne à sa vie, à la vie, sa finalité, sons sens, son but, sa singularité, la souffrance liées aux relations amoureuses impossibles, ce qui nous amène à vivre une vie réussie... Tous les bons ingrédients métaphysiques et visuels sont réunis pour montrer que cette oeuvre n'est pas que l'histoire d'une cougar immortelle en manque d'aventures : c'est réellement un film rétro-sensuel contemporain (oui je fais une critique avec tout plein d'expressions alambiquées).


Ce style de film n'est pas ma tasse de thé habituellement. Ma préférence revient aux films d'action plutôt qu'aux intensités émotionnelles, psychologiques ou dramatiques. En fin de compte, le tout se regarde tranquillement, et vaut le coup d'être vu car le résultat est plutôt plaisant.


Un aspect que j'ai su après avoir vu le film m'a bluffé, ça a dû être une contrainte pour tourner le film (et pas des moindres !) : recréer San Francisco à Vancouver, de façon à ce que ça passe inaperçu. Le Chinatown américain dans lequel évolue le petit monde d'Adaline est un vrai tour de force ! Une belle réussite à ce défi géographique pourtant pas évident du tout à relever !


Petites remarques sur mon ressenti personnel : c'est un peu longuet, mais les plans sont remarquables. Ils me rappellent le côté magistral d'un Benjamin Button (par exemple, le plan vertical vu-de-haut où la pluie tombe au tout début du film, ou encore la vue satellite et le zoom sur le pont). Visuellement, le film est très artistique. La musique accompagne cette élégance et ce souci du détail qui se caractérise jusque dans la retranscription des ambiances fidèles et authentiques aux époques où Adaline a vécu. Musique qui est douce, discrète et présente de façon équilibrée voir parfois cliché (sortes les violons aux moments tristes...). L'immersion dans chaque époque à travers Adaline est réussie : on s'y croirait ! L'adaptation de la mode de l'époque à la nôtre dans les tenues et coiffures que portent l'actrice principale (que du beau monde derrière tout ça : David Landzenberg à la photographie, le chef décorateur super-investi et la coiffeuse au boulot impeccable), le jeu sur les couleurs (et même la colorimétrie de séquences entières spéciales "flashbacks" !), et la minutie appliquée à chaque attitudes sociales, décos historiques et ambiances générales suivant chaque époque, tout cela rend ce film à la fois cohérent dans son propos et unique en son genre. Un véritable petit bijou de cinématographie ! Loin des productions commerciales routinières et sans saveur... Ce travail est souvent invisible, car constitutif de l'ambiance général d'un film, mais le spectateur cinéphile avisé sentira l'énorme boulot de recherches historiques sur tel ou tel détail vestimentaire ou stylistique. La romance n'a pas d'âge ! Tout le long du film (placement de produits ?! Noooon : sur-mesure du monde de la couture !! bien plus hype... Merci le #GucciGang), on a droit à un vrai défilé de mode ! Sans podium et sans chute cela dit... mais pas sans écart, car même au troisième âge, on peut enfin se mettre à vivre au lieu de fuir, et c'est là la "morale" de ce film qui m'a marqué, fait réfléchir et donner envie d bouger, changer et croquer la vie à pleine dents (à l'heure où j'écrit cette critique, j'ai l'âge fixe qu'a Adaline dans le film, c'est-à-dire 29 ans ; mais je compte bien vieillir un jour).


Petits bémols et doutes cependant : Le FBI qui lâche l'affaire après plusieurs années de tentatives pour retrouver Adaline. Le fait d'ajouter des séquences d'espionnage moderne au film aurait fait gonfler le suspense et l'adrén'Adaline (désolé du mauvais jeu de mots...). La monde de la recherche scientifique, ou bien de grandes marques cosmétiques ou des professionnels de l' "anti-âge" et autres "anti-vieillissement" auraient pu mettre la main sur Adaline et son lourd secret pour faire des bénéfices dessus... Je pense que ce côté-là de la trame scénaristique aurait pu être exploité bien plus.


Scientifiquement, je ne sais pas si ça "tiendrait la route" (encore un jeu de mot surfait par rapport au film... désolé ^^) dans la réalité (sûrement pas), mais la voix off donne un côté documentaire original lors des scènes d'accidents de voitures.
[Attention spoiler !]


Concernant la fin du film, le coup du 1er cheveu blanc est pour le moins prévisible, mais tant mieux, car c'est une belle fin !


Un film à ne pas voir d'urgence, mais à savourer au coin du feu quand on se sent vieux et bien vivant...


Verdict : 7/10

AntoineCinema
7
Écrit par

Créée

le 11 janv. 2021

Critique lue 2.7K fois

2 j'aime

AntoineCinema

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