Un scénariste doit écrire un script à partir d'un livre avec lequel il entretient une relation de plus en plus étroite. Spike Jonze aime les mises en abyme, et il nous le fait savoir. On se perd rapidement dans les ellipses, les points de vue non chronologiques et autres commentaires en voix off qui rendent le tout complexe et maîtrisé : les doutes et les difficultés du scénariste sont immédiatement perceptibles, et l'ensemble reste sincère. Pas évident en effet d'arriver à garder du naturel et de la spontanéité quand on cherche à ce point à "déconstruire" en permanence sa façon de penser, son rapport au film... Adaptation est finalement un film fouillé et détaché.
En jouant constamment sur l'auto-caricature et la parodie (le personnage du frère jumeau), le film parvient à percer sur un autre plan. Comme si le côté humain de la chose prenait les devants, avec les remises en question permanentes d'un type paumé, défaitiste et manquant cruellement de confiance en soi. Un côté assez universel, en somme : il faut bien passer par toutes ces ficelles scénaristiques, tous ces divers effets plus ou moins naturels, pour en arriver à une conclusion aussi générale sur la nature humaine. On peut alors se poser des questions sur le le semi "happy ending" d'Adaptation : tout ça pour ça ? Pourquoi une morale si évidente ? Toujours est-il que le film gagne en humanité ce qu'il perd en ambition. Décevant, mais efficace.