Quatre nuits d'un rêveur par Acco
Il est triste de voir que ce film est parmi les moins connus de Bresson... Car malgré son aspect mineur, tout y est remarquable. Dans cette adaptation d'une nouvelle de Dostoïevski, un dandy solitaire permet à une jeune femme d'échapper au suicide. Ainsi, les deux personnages se retrouvent quatre nuits d'affilées sur le bord du Pont Neuf. Elle est tombée amoureuse d'un homme qui visiblement ne souhaite pas la revoir, après un an d'absence. Le rêveur, lui, vit reclus dans son propre imaginaire. Il peint, accroché à son magnétophone qui lui sert de confident, et vit constamment dans ces éventualités. Il observe les femmes et les couples sans rien dire, comme pour chercher à comprendre ce bonheur simple mais inaccessible... Il est amoureux d'un idéal, il lui semble impossible d'aborder ce côté charnel, éphémère et concret de l'amour. Bref.
Mais les deux personnages se rapprochent. Elle cherche à retrouver son amour perdu, et il l'aide dans sa démarche, alors qu'il est justement en train de succomber à son charme, à sa présence... Elle l'obsède, le fascine, mais il se retrouve coincé par cette situation frustrante... Doit-il lui avouer ses sentiments, et risquer de trahir sa confiance ? Toujours est-il que cette situation est traitée de façon remarquable. La relation s'enrichit et devient plus complexe, plus enracinée au fil des nuits... Il l'écoute se confier de manière si simple, alors qu'il ne laisse rien paraître de cet amour secret. Le jeune homme se retrouve démuni face à la succession des évènements, pour en arriver à cette fin déchirante.
Isabelle Weingarten est d'une beauté folle, parfaite dans son rôle de personnage insaisissable... D'autant plus que les choix scénaristiques sont réels : Bresson n'hésite pas à bousculer le récit de Dostoïevski pour obtenir ce qu'il veut. Il parvient néanmoins à conserver cette ambiance feutrée si particulière, d'une force incroyable.
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