Adieu Berthe - L'enterrement de mémé par FrankyFockers
je ne m'y attendais pas, mais j'ai beaucoup aimé, et je suis très heureux de voir Podalydès opérer un véritable retour en grâce avec un film encore plus sombre que Liberté-Oléron.
Je trouve que ce film parle parfaitement bien du deuil. J'entends par là que Podalydès est un cinéaste comique (pas seulement mais quand même) et qu'il choisit un sujet qui n'est pas comique du tout : il parvient à en parler vraiment, à faire un film drôle, tout en respectant son sujet, ne s'en moquant jamais. On ne rit pas de la mort, de l'enterrement, du cérémonial, mais on rit du probable comportement des gens autour de ça. Le film est un film profondément respectueux de son sujet.
Alors il y a bien quelques petits gags, surtout des jeux de mots, foireux, qui tombent à l'eau, surtout au début d'ailleurs, mais je prends ça comme des mots d'enfant, une manière de désamorcer la tragédie - pour moins souffrir - par l'absurde.
Et il y a grand nombre de fulgurances, tout ce qui est lié au souvenir, à la magie, à sa grand-mère jeune, aux objets, aux lettres, qui le rapprochent, pour la première fois, de Wes Anderson.
Surtout, le film est à mes yeux une suite directe de Dieu seul me voit (son meilleur film). Albert Jeanjean a vieilli et s'appelle aujourd'hui Armand. Il ne sait toujours pas choisir entre les différentes femmes qu'il aime. A la fin de Deiu seul me voit, il finissait seul, faute de n'arriver à choisir entre trois femmes qui l'aimaient. Ici, elles ne sont plus que deux, son ex et son actuelle, et il aime clairement les deux, et il ne sait toujours pas quelle direction donner à sa vie, quels choix faire. Et la 3ème, c'est bien évidemment Berthe jeune, sa grand-mère, l'Anna Festival d'Adieu Berthe.
J'ai coutume de dire que, dans ses bons films, Podalydès propose une version comique du cinéma de Desplechin, Dieu seul me voit apparaissant clairement comme une version plus légère probable de Comment je me suis disputé, les problématiques soulevées étant grosso modo les mêmes.
Adieu Berthe apparait lui comme son Rois et Reine, ou le protagoniste, face au deuil, hésite et se déchire dans ses choix amoureux.
On parle de comédie chez Podalydès mais ce dernier film est pourtant atrabilaire, assez sombre, plein de poésie macabre... En tout cas très émouvant et signe que le cinéaste n'a pas dépasser la date de péremption, ce que je soupçonnais grandement après le catastrophique Bancs Publics.