Il est venu le temps des cathédrales.
Deux japonais se rencontrent à Lisbonne alors que les sixties sont sur le point de s’achever.
Il cherche une cathédrale utopique, quelque part en Europe. Et il la trouve elle, meurtrie par des blessures inexprimables, et les voilà à promener leurs spleen et idéaux à travers les villes du vieux continent. Sur eux plane le fantôme inexprimable de la guerre, des années plus tôt : l’horreur de Nagasaki est pudiquement évoquée, et hante cet eurotrip mélancolique de son brouillard invisible, mais inaltérable.
(Non)-quête qui prend les allures d’une fuite, Adieu clarté d’été dessine les contours imprécis d’une étrange histoire d’amour, aussi vaine que silencieuse. Derrière l’impossibilité de l’aveu, il y a l’errance mental des possibles amants : l’omniprésence des voix-off, qui se substituent au dialogue réel, rare, hésitant. Comment aborder l’Autre alors même qu’on ne sait comment saisir l’existence, et le devoir de l’oubli, et son impossibilité ?
C’est dans cet Occident solaire que Yoshishige Yoshida a bâti, à travers la superbe de l’architecture et des paysages, l’expression de panoramas intérieurs endoloris par le poids du souvenir. La composition des plans tend à une certaine perfection, et c’est dans la beauté de ces lumières estivales que brille la charpente d’une troublante nostalgie, et d’un espoir inconsolable.
Beau comme triste, et aussi bavard qu’il est muet, le film semble au final tracer l’itinéraire d’un road-trip mental, sous couvert d’une poursuite absurde. Étrangement méconnu.