Le réalisateur Nassim Amraouche plante un décor indéterminé, une rue à proximité d'une usine désaffectée, dont il ne s'échappe jamais. Village? faubourg isolé? Une poignée de personnages est confinée dans ce no man's land déserté à coloration prolétaire et immigrée, réduite aussi, semble-t-il, au désoeuvrement, aux velléités ou à l'attente, la vaine attente d'un lendemain différent peut-être.
Ce film étrange et court a l'apparence de l'anecdotisme, d'autant ou parce qu'il ne se passe pas gran d'chose dans la vie des quelques habitants. Le dessein du réalisateur reste assez vague, tout juste relève-t-on que ses personnages ont le point commun d'avoir perdu quelque chose, quelqu'un. Jean-Pierre Bacri a perdu son emploi, ses deux fils ont perdu leur mère, un adolescent attend silencieusement son père au bord de la route, parti pour une autre femme...et beau, parait-il, comme Gary Cooper...
Amraouche stylise un quotidien morne, des vies sans relief, sans avenir, sauf à quitter l'endroit peut-être. A vrai dire, on n'est dans l'ensemble assez peu sensible au sujet.