Le sujet est astucieux et bien écrit par Sébastien Japrisot et Jean Herman, mais on peut penser que le film se contente surtout de n'être qu'un face à face, certes remarquable et bien dosé entre un Français et un Américain. Jean Herman, à l'origine romancier sous le nom de Jean Vautrin, se retrouve avec un gros budget et 2 stars de poids, il n'a peut-être pas eu la liberté voulue pour aiguiller son film vers une densité psychologique plus poussée qui est la marque des très grands polars, tels ceux de Melville.
Ceci dit, attention, c'est un excellent affrontement entre 2 acteurs au registre opposé, un face à face en huis-clos sur le thème du casse en sous-sol et du coffre-fort, d'où va naître une camaraderie virile entre 2 ex-légionnaires, tout repose évidemment sur Delon et Bronson qui se livrent une sorte de bras de fer.
Herman n'oubliera pas Delon puisqu'il le réutilisera l'année suivante dans un polar plus psychologique, Jeff.
Quant à Bronson, il ne cessait de gagner les étapes du vedettariat, depuis les Sept mercenaires et la Grande évasion grâce à John Sturges, il était sorti des 3èmes rôles et trouvait des seconds rôles plus importants, il sortait des 12 salopards et de Pancho Villa où il n'occupait encore qu'un emploi secondaire, mais plus conséquent, et s'apprêtait à rejoindre Sergio Leone en Espagne pour tourner Il était une fois dans l'Ouest qui allait le faire accéder à l'échelon supérieur. Adieu l'ami marquait le départ d'une carrière européenne entre la France et l'Italie, il sera 2 ans plus tard le héros du Passager de la pluie en France, puis de la Cité de la violence en Italie, suite au succès du western de Leone. Son personnage de Franz Propp ici face à Delon qui l'avait remarqué et demandé pour remplacer Richard Widmark prévu pour le rôle, est joué en force, c'est un rôle de dur mais nonchalant et déterminé. Delon et lui se retrouveront avec plaisir en 1971 dans le western franco-italien Soleil Rouge.
En attendant, c'est un polar intéressant qui peine un peu à démarrer et à se mettre en place, mais c'est efficacement réalisé, et une fois dans le sous-sol, le face à face reste l'un des meilleurs vus sur un écran de cinéma.