Voilà un bon petit film français comme je les aime. Avec tout le charme des défauts des films secondaires de l'époque, bien que celui-ci fût couronné d'un franc succès en salle. Les scènes de combat sont un peu pim pam poum, les acteurs semblent constamment en roue libre, et la présence de deux stars mondiales à l'affiche ne fait jamais oublier que le film a l'air fauché. Mais le scénario est plutôt pas mal, l'opposition entre deux hommes enfermés dans les profondeurs du building d'une entreprise et devant collaborer pour ouvrir un coffre mais chacun dans un but opposé : l'un pour le vider, l'autre pour y entreposer des documents. Deux nationalités, deux styles, deux égos, le casting faisant parfaitement écho au scénario. Et une grande part de l'intérêt du film réside dans ce casting : Alain Delon et Charles Bronson. Une star européenne, une star américaine, le mano à mano est posé. On peut pester contre une direction d'acteur déplorable qui amène quelques scènes sonnant franchement faux, mais les acteurs sont tels que l'on se laisse facilement prendre au jeu. Delon et Bronson ne ménagent pas leurs efforts, chacun dans son style habituel, ça cabotine souvent un maximum, mais c'est un vrai plaisir de suivre ces deux bêtes de cinéma.
Pourtant, ça ne part pas très bien. Les scènes d'introduction des personnages sont assez mal fichues et n'apportent pas grand chose à l'intrigue. Si bien que la première demi-heure est plutôt rébarbative. Heureusement, le tout se décante lorsque nos deux hommes se retrouvent dans les sous-sols pour y mener leur affaire. C'est assez amusant d'y constater la vision déshumanisée de l'entreprise qu'a le réalisateur. Une vision industrielle, austère, mécanique, presque punk mais dix ans plus tôt. Des couloirs se ressemblant tous, du béton, c'est froid, peu avenant, et les seuls êtres qui y déambulent sont des gardiens à la démarche et l'attitude robotiques. Un monde en opposition avec les étincelles de vie qui jaillissent de la confrontation entre les deux héros.
La seconde partie du film voit l'entrée en scène d'un autre petit plaisir des distributions de l'époque : Bernard Fresson, dans un rôle d'inspecteur. Rien d'extraordinaire à attendre avec la direction d'acteur du film, il y fait du Fresson, mais c'est bien ce qu'on aime chez lui. Par contre les actrices sont épouvantables, particulièrement Brigitte Fossey dans un rôle bien connu dans le cinéma français de cette période : la jeune fille naïve (pour ne pas dire complètement tarte et à qui on a envie d'en coller une à chaque fois qu'elle ouvre la bouche puisque chacune de ses interventions apparaîtra comme un cheveu sur la soupe).
Au final rien d'exceptionnel mais le plaisir de passer deux heures en compagnie de Charles Bronson et Alain Delon. A noter tout de même le thème musical de François de Roubaix qui retranscrit mieux que n'importe quoi d'autre l'ambiance de ce genre de cinéma, deux mesures et je suis plongé dans mon enfance.
https://www.youtube.com/watch?v=N2OAw4Ia-20