Déçu, le mot n'est pas trop fort … Film au succès planétaire (en France …), aux milliers de Césars. Et moi qui suis déçu après avoir lu des critiques dithyrambiques comme s'il en pleuvait ! Je viens de faire le tour et suis en écart avec pratiquement tous mes éclaireurs. Va falloir assumer ...
Bon, il est vrai que de Dupontel, je ne connais que son sketch, limite pas marrant, sur l'oral de philo où il apprend que Sartre est mort : "Ah bon, on ne me l'avait pas dit, quand est-ce arrivé ?".
Là, le film n'est pas du tout marrant ; C'est même tragique. Infiniment tragique.
Pourtant, l'idée de base est très intéressante : une femme d'environ 40 ans apprenant qu'elle n'a plus que quelques mois à vivre se souvient du drame qu'elle a vécu à l'âge de 15 ans. En effet, ses parents l'ont obligée à accoucher sous X causant un important traumatisme personnel. D'où cette quête dans laquelle elle se lance de toute urgence pour retrouver son enfant. Plus de vingt-cinq ans après. Bon, pourquoi pas.
Non seulement, l'idée est intéressante mais, gérée autrement, aurait pu faire un film passionnant. C'est un vrai sujet.
Mais, là, le film accumule les situations, parfaitement et tristement réalistes, au point de friser l'indigestion : les flics qui tabassent tout le monde (1 pb), qui utilisent les LBD (1pb) et transforment un brave fonctionnaire en un aveugle qu'on enfouit au services des archives (1 pb) pour les statistiques de l'emploi des handicapés (1 pb) parce qu'un handicapé n'est pas trop montrable (1pb), un informaticien super compétent qu'on déplace pour le remplacer par un jeune plus capé (1 pb) et qui ne voit plus qu'une porte de sortie, le suicide (1 pb), un ancien gynécologue devenu Alzheimer (1 pb), une femme qui est atteinte d'une maladie auto-immune (1 pb) dû à son travail (1 pb), le toubib qui annonce la maladie à sa patiente mais qui n'en a rien foutre (1 pb), l'accouchement sous X (1 pb), un fleuriste qui roule en téléphonant sur son portable et qui provoque un accident (1 pb). L'informatisation à outrance de la société qui déshumanise les relations (1 pb) et l'automatisation forcenée des appareils ou des ascenseurs (1 pb). Je suis déjà à quinze problèmes sociétaux évoqués dans le film : c'est quand même pas mal ! et je pense que j'ai bien dû en oublier deux ou trois encore … Dire qu'il aurait pu en tirer quinze scénarios … Dingue, ça !
Le film a été fait juste en 2020 avant la vague COVID. Purée ! on a échappé à deux autres problèmes sociétaux : les COVID longs avec la perte des sens et les gens qui ne supportent pas les vaccins.
Et si Dupontel avait eu l'idée de faire jouer Djamel Debbouze, on aurait même pu évoquer les problèmes de l'insertion des travailleurs immigrés dans la société.
Trop. Il y a "trop" dans le film. "Too much". Tellement trop qu'on adhère plus. Enfin, je rectifie. Plus exactement, tellement trop que JE n'arrive plus à adhérer… Comme une pâtisserie qu'on a trop chargée en cannelle, c'est super bon mais à la deuxième bouchée, j'en peux plus, tous mes sens sont saturés …
Côté mise en scène, c'est pas mal, la caméra virevolte en tous sens, il y a quelques effets bien sentis. Bon, ces mouvements en accéléré qui font très modernes ne m'impressionnent pas vraiment. Les couleurs, il y a de l'originalité. Il y a de la technique et du savoir-faire. C'est sûr.
Les acteurs : d'abord Virginie Efira que je ne connais pas du tout ; j'ai trouvé qu'elle avait de la présence. J'essaierai de trouver un autre film où elle joue. Histoire de ne pas en rester là.
Albert Dupontel dont le jeu me fait penser à un acteur des années 70-80 que j'aimais bien, Jacques Denis ou encore Nicolas Marié (lui, je connais) dans le rôle de l'aveugle, tiennent très bien leur place.
Au final, on a bien compris le message (humaniste ?) de Dupontel à travers le film et surtout le titre : les cons, ce sont ceux qui restent. Les cons, ce sont ceux qui se satisfont de la vie telle qu'elle est et qui en sont – évidemment - responsables.
Eh bien moi, mon problème se résume à la question suivante : j'en fais quoi de son message ? Il est gentil, Dupontel mais qu'est-ce qu'il propose ? Qu'est-ce qu'il propose aux cons qui restent ?
L'humanisme, je le rappelle à toutes fins utiles, ce n'est pas seulement poser les problèmes, c'est surtout amener des réponses. Positives, tant qu'à faire.